« Il existe des preuves absolument irréfutables et concrètes que l’Iran est proche d’obtenir des capacités nucléaires », affirme Yaron Sideman, ambassadeur d’Israël près le Saint-Siège, dans un entretien accordé au média américain Crux le 17 juin.Israël a lancé vendredi dernier une offensive militaire de grande ampleur contre des sites militaires et nucléaires en Iran, qualifiant l’opération de « frappe préventive » destinée à empêcher le régime iranien d’acquérir l’arme nucléaire. Téhéran a riposté par une salve de missiles, et les échanges de feu se poursuivent, avec des victimes civiles des deux côtés.
Pour l’ambassadeur, cette intervention était inévitable : « Nous ne nous serions jamais engagés dans une telle opération si nous n’étions pas sûrs à 100 % que nous étions à la dernière heure, et que le moment d’agir, c’est maintenant. Un jour de plus, et il pourrait être trop tard. »
Il cite notamment le récent rapport de l’AIEA, l’agence onusienne de surveillance nucléaire, qui a accusé l’Iran de violer ses obligations :« L’Iran a accéléré la production de missiles balistiques – jusqu’à 300 par mois – et a enrichi de l’uranium à 60 %, suffisant pour produire neuf bombes nucléaires. »Face aux accusations internationales de disproportion dans ses opérations, notamment à Gaza, l’ambassadeur Sideman répond que l’Iran constitue une menace existentielle : « Nous visons des cibles militaires. L’Iran, lui, envoie délibérément des missiles de 500 kg ou d’une tonne sur des civils israéliens. Imaginez ces missiles équipés d’ogives nucléaires… Faites le calcul. »
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Il ajoute que laisser l’Iran poursuivre son programme conduirait inévitablement à une course aux armements : « Même le prince héritier saoudien a dit : si l’Iran obtient la bombe, nous devrons l’avoir aussi. Cela entraînerait une guerre nucléaire régionale. Ce que nous faisons, c’est empêcher une Troisième Guerre mondiale. »
Interrogé sur le rôle du Saint-Siège, Yaon Sideman salue les récentes déclarations du pape Léon XIV, qui a affirmé que « personne ne devrait jamais menacer l’existence d’un autre », et appelé à « la responsabilité, à la raison », et au désarmement nucléaire par le dialogue : « Je pense que c’est une vérité générale, et cela s’applique clairement à Israël, qui est menacé sans cesse par l’Iran. »
Mais il estime que la stratégie du dialogue a échoué : « Le dialogue a duré près de trente ans… et il a échoué. À chaque cycle de négociation, l’Iran a avancé plus vite dans son programme nucléaire. Il a utilisé le dialogue pour gagner du temps. » Pour autant, Le diplomate israélien croit à l’influence du pape :« Peut-être pas comme médiateur, mais comme voix morale, le pape Léon XIV peut être très influent. Le monde a besoin d’entendre une voix claire face à un régime qui promeut la haine, la terreur, la violence, la pendaison des femmes non voilées et des homosexuels sur les places publiques. »
Et d’ajouter en conclusion : « Israël est une démocratie, qui défend la liberté, la dignité humaine et la vie. Ce que nous faisons est un service rendu au Moyen-Orient, à l’Europe, et au monde. »
Rappelons qu’à la fin de l’audience générale de ce mercredi 18 juin 2025, le pape Léon XIV a lancé un appel solennel à la paix :
« Nous ne devons pas nous habituer à la guerre, au contraire, il faut rejeter comme une tentation le charme des armements puissants et sophistiqués. »
le Saint Père a souligné la gravité de la situation actuelle :« Dans la guerre d’aujourd’hui, on utilise des armes scientifiques de tout type. Son atrocité risque de conduire les combattants à une barbarie bien plus grande que celle des temps passés. ». Appelant les responsables à prendre conscience de leur responsabilité morale et politique, Léon XIV a cité ses prédécesseurs : « Au nom de la dignité humaine et du droit international, je répète aux responsables ce que disait le pape François : la guerre est toujours une défaite. Et avec Pie XII : rien n’est perdu avec la paix, tout peut l’être avec la guerre. »