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Haïti : la missionnaire irlandaise Gena Heraty enlevée dans un orphelinat près de Port-au-Prince

Gena Heraty  - DR
Gena Heraty - DR
Il est urgent que la communauté internationale et les autorités haïtiennes rétablissent l’ordre, protègent les innocents et défendent la liberté des œuvres chrétiennes

Une nouvelle attaque violente a frappé l’un des foyers catholiques les plus emblématiques d’Haïti. Neuf personnes, dont la missionnaire irlandaise Gena Heraty et un enfant de trois ans en situation de handicap, ont été enlevées dans la nuit de dimanche à lundi dans l’orphelinat Sainte-Hélène, à Kenscoff, une commune montagneuse située au sud-est de Port-au-Prince.Directrice du foyer, Gena Heraty vit en Haïti depuis 1993. Elle s’est consacrée sans relâche aux enfants abandonnés ou atteints de handicaps au sein de l’organisation catholique Nos petits frères et sœurs. Selon le maire de Kenscoff, Massillon Jean, les ravisseurs – vraisemblablement membres d’un gang – ont pénétré dans l’établissement après avoir percé un mur d’enceinte. L’attaque, décrite comme « planifiée », s’est déroulée sans coups de feu, les assaillants ciblant directement la résidence où logeait Mme Heraty.

Sept employés haïtiens de l’orphelinat et un enfant handicapé font également partie des personnes enlevées. Le foyer Sainte-Hélène, structure privée mais profondément enracinée dans la mission de l’Église, accueille plus de 240 enfants, dont beaucoup souffrent de graves handicaps.Aucune demande de rançon n’a encore été formulée à ce jour. Un proche de l’organisation a indiqué à l’AFP que Mme Heraty a pu confirmer elle-même sa captivité lors d’un bref appel téléphonique passé dimanche matin à ses collègues de Nos petits frères et sœurs.Le ministre irlandais des Affaires étrangères, Simon Harris, a déclaré que « des efforts intensifs et continus » étaient en cours pour obtenir la libération de Gena Heraty et des autres otages. « Je réitère notre engagement à faire tout ce qui est possible pour parvenir à leur libération », a-t-il affirmé, ajoutant que le gouvernement irlandais était en contact régulier avec la famille de Mme Heraty, les autorités locales et l’organisation concernée.

Originaire de Liscarney, dans le comté de Mayo, Gena Heraty a été largement saluée pour son travail humanitaire. Elle a notamment reçu le prix Oireachtas pour la dignité humaine. En 2022, elle confiait au Irish Times : « Les enfants sont la raison pour laquelle je suis encore ici. Nous sommes dans ce combat ensemble », malgré la montée de la violence des gangs.Depuis le début de l’année 2025, Gena Kenscoff a été la cible de multiples incursions de bandes criminelles. La police haïtienne, assistée de forces kényanes et de contractants étrangers utilisant des drones armés, peine à reprendre le contrôle du territoire. Selon les Nations Unies, 85 % de la capitale est aujourd’hui sous l’influence directe de groupes armés.

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La situation humanitaire reste catastrophique. Plus de 3 000 personnes ont été tuées dans la première moitié de l’année, et près de 350 enlèvements ont été recensés. En juillet, six employés de l’UNICEF ont été eux aussi kidnappés à Port-au-Prince. Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Volker Türk, a tiré la sonnette d’alarme, dénonçant une violence qui « menace de déstabiliser encore davantage » le pays. Plus de 1,3 million de personnes ont été déplacées à l’intérieur du territoire, vivant souvent dans des abris précaires, confrontées à des risques sanitaires et sécuritaires accrus.L’enlèvement de Gena Heraty, profondément enracinée dans sa mission chrétienne, frappe au cœur même de l’engagement catholique en Haïti : servir les plus vulnérables, malgré les périls. Son témoignage de vie reste un appel silencieux à la paix, à la justice, et à la fidélité dans le service des pauvres.

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