Face au drame humanitaire en cours dans le Haut-Karabagh, la présidence du Conseil des conférences épiscopales d’Europe (CCEE) s’est jointe le jeudi 5 octobre aux appels du Pape en faveur d’une solution négociée dans la région. Les évêques européens expriment leur inquiétude et appellent les États à faire davantage pour aider les centaines de milliers de personnes déplacées.
Selon les dernières données, environ 100 000 Arméniens ont fui le Haut-Karabagh, une région qui a été le centre d’un litige international depuis trois décennies et dont l’histoire chrétienne riche est menacée.
En effet, le royaume d’Arménie a été le premier État à adopter le christianisme comme religion officielle, bien avant Rome, grâce à la conversion du roi Tiridate IV et de sa cour par saint Grégoire l’Illuminateur entre 301 et 314.
Après la guerre en 2020, qui a entraîné une paix douloureuse pour l’Arménie avec la perte de contrôle de certains monastères historiques, la région a connu une nouvelle crise humanitaire. Le couloir de Latchine, la seule voie d’accès entre la capitale du Haut-Karabagh, Stepanakert, et la capitale arménienne, Erevan, a été bloqué, créant une première crise. En automne 2020, la cathédrale de Choucha, un symbole arménien au Karabagh, avait été bombardée.
Au cours des dernières semaines, l’Azerbaïdjan a lancé une « opération antiterroriste » dans la région, provoquant l’exode de tous les Arméniens, avec plus de 100 000 personnes ayant quitté leur terre ancestrale d’Artsakh.
Dans leur message, les évêques du Conseil des épiscopats d’Europe appellent à un dialogue entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie, espérant que les pourparlers, avec le soutien de la communauté internationale, aboutiront à un accord durable mettant fin à la crise humanitaire.
Le CCEE demande également une surveillance accrue du patrimoine chrétien du Haut-Karabagh. Selon une résolution du Parlement européen de mars 2022, 1456 monuments arméniens sont passés sous le contrôle de l’Azerbaïdjan après le cessez-le-feu de 2020 et ont été endommagés pendant la guerre.
Les évêques européens espèrent que les acteurs internationaux trouveront une solution négociée garantissant la sécurité des personnes déplacées et leur droit au retour sur leurs terres, en plaçant l’intérêt de la personne humaine au centre des décisions, plutôt que les intérêts politiques.
Le préfet du dicastère pour les Églises orientales, le cardinal Claudio Gugerotti, a récemment souligné que le Saint-Siège est activement impliqué dans ce conflit, tout en appelant à la compréhension de l’histoire et à la prudence face à l’impact potentiel sur les puissances étrangères.