Il avait tout pour faire une belle carrière d’universitaire ecclésiastique, ce fils d’un riche marchand des bords du Rhin. Originaire de Cologne, il avait étudié dans sa ville natale et puis l’avait quittée, âgé d’une quinzaine d’années pour aller se perfectionner à Reims.
A 24 ans, le voilà devenu écolâtre, chargé d’étudiants. Sa réputation est si flatteuse qu’il devient chancelier de l’archevêque de Reims, Manassès de Gournay. Mais l’archevêque est indigne. Il a payé ses électeurs et Bruno le dénonce. On lui offre de lui succéder, Bruno refuse.
Et c’est alors la rupture. Cette brillante carrière ne le comble pas, il ressent un vide dans son cœur, une soif le consume. Il n’est pas fait pour les ‘combines’, il veut être à Dieu seul. A 52 ans, en 1084, il vend tout ce qu’il possède et, avec quelques amis qui partagent ses aspirations, il tente un premier essai de vie érémitique au prieuré de Sèchefontaine*, une dépendance de l’abbaye de Molesme. La forme de vie dont il rêve ne s’y trouve pas.
Il lui faut la créer. Saint Hugues, évêque de Grenoble, met à la disposition de Bruno et de ses compagnons une ‘solitude’ dans le massif alpin de la Grande Chartreuse. Bruno y élabore ce qui deviendra la Règle des Chartreux, faite de solitude en cellule, de liturgies communes et de travail manuel. Le pape Urbain II l’ayant appelé comme conseiller, il quitte à regret la Chartreuse pour Rome.
Ne pouvant s’habituer à la vie ‘du siècle’, il obtient de se retirer en Calabre où il fonde une nouvelle communauté cartusienne à La Torre. C’est là qu’il mourra dans une solitude bienheureuse: « L’air y est doux, les prés verdoyants, nous avons des fleurs et des fruits, nous sommes loin des hommes, écrivait-il à un vieil ami de Reims. Comment dépeindre cette fête perpétuelle où déjà l’on savoure les fruits du ciel? ».
*solitude que lui avait indiquée saint Robert, futur fondateur de Cîteaux.
Saint Hugues et Saint Bruno:
Le diocèse de Grenoble voit naître ou s’établir de nombreuses communautés et de grandes figures religieuses.
En 1084 saint Bruno s’installe avec l’accord de saint Hugues, évêque de Grenoble, en Chartreuse et fonde l’ordre des Chartreux. Saint Hugues est lui-même connu pour avoir libéré l’Église du pouvoir des laïcs, et considéré comme le véritable fondateur du diocèse car il en fixe le territoire. Il fonde aussi le monastère de Chalais.
– Histoire du diocèse de Grenoble
Mémoire de saint Bruno, prêtre. Né à Cologne, il enseigna la théologie en France, mais désireux d’une vie solitaire, il fonda, avec quelques disciples, dans la vallée déserte de la Chartreuse, dans les Alpes, un Ordre où la solitude des ermites serait tempérée par une certaine forme de cénobitisme. Appelé à Rome par le bienheureux pape Urbain II, pour qu’il lui vienne en aide dans les besoins que connaissait l’Église, il passa cependant les dernières années de sa vie dans un ermitage, près du monastère de La Torre en Calabre, où il mourut en 1101.
Source Nominis