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« Nous devons nous attendre à au moins 80 % de nouveautés  » : le cardinal Semeraro évoque le Pape Léon XIV

Cardinal Semeraro - DR
Cardinal Semeraro - DR
"La majorité qui a permis l’élection de Léon XIV s’est créée petit à petit, graduellement, et non pas soudainement",

Dans une interview exclusive accordée à Avvenire, le cardinal Marcello Semeraro, préfet du Dicastère pour les Causes des saints, a partagé sa vision du Pape Léon XIV, qu’il connaît bien et respecte profondément. Il a décrit le Pape Léon XIV comme un homme qui allie douceur et fermeté. Le prélat a expliqué : « Il a un style aimable et délicat, parfois doux », tout en soulignant que, malgré cette douceur apparente, le Pape est également « une personne de caractère, capable de prendre des décisions lorsqu’il le faut. »

Évoquant le processus électoral qui a conduit à l’élection de Léon XIV, Mgr Semeraro a précisé que l’élection n’a pas été précipitée. « La majorité qui a permis l’élection de Léon XIV s’est créée petit à petit, graduellement, et non pas soudainement », a-t-il expliqué. Il a ajouté que, bien que les cardinaux aient d’abord craint que leurs différences ne compliquent le choix, le processus s’est finalement déroulé sans heurts. « Tout comme la docilité qui a conduit à renoncer à un moment donné, quand nous avons compris que le vent soufflait dans une autre direction », a-t-il ajouté, insistant sur le fait que la décision d’élire Léon XIV a été un véritable don du Seigneur.

Lorsqu’il a parlé de la vision missionnaire du Pape Léon XIV, le préfet du Dicastère pour les Causes des saints a souligné sa proximité avec les idéaux de son prédécesseur, le Pape François. « Il partage avec le Pape François une vision de la promotion humaine et sociale qui découle de l’Évangile », a-t-il affirmé. Le choix du nom de Léon, selon le cardinal, est également symbolique : « Comme il l’a dit lui-même en rencontrant les cardinaux, il se réfère à Léon XIII, le Pape de la Rerum novarum. » Mgr Semeraro a ajouté que ce choix s’inscrit dans une époque de grands changements, une idée également partagée par le Pape François.

L’archevêque a ensuite évoqué les différences théologiques entre Léon XIV et François, soulignant que le Pontife actuel, bien que dans la continuité de son prédécesseur, apportera sa propre approche. « Il y aura sans doute une continuité entre les deux pontificats, mais j’ajouterais que nous devons nous attendre à au moins 80 % de nouveautés », a-t-il déclaré. Selon lui, le pontificat de Léon XIV sera marqué par une approche nouvelle de la catholicité, « où par catholicité il ne faut pas entendre l’universalité de l’Église en tant que notion spatiale, mais un rencontre des variétés qui sont valorisées harmonieusement. »

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En ce qui concerne la réforme de la Curie romaine, un sujet d’importance pour de nombreux observateurs, Mgr Semeraro a exprimé son soutien à la poursuite des réformes lancées par le Pape François. « Je suis plus que convaincu que la réforme de la Curie doit continuer », a-t-il affirmé, en précisant que la Curie est un « outil de service » qui doit être ajusté aux besoins de l’Église. Il a ajouté que le droit canonique joue un rôle essentiel dans ce processus. « C’est une garantie : parfois, les réalités humaines se respectent en observant le droit », a-t-il déclaré.Le prélat a également abordé le thème de la synodalité, qui fait partie intégrante du pontificat de François. Il a mis en garde contre une mauvaise interprétation de cette notion. « Le risque est de lire le trésor synodal d’une manière sociologique », a-t-il averti. Selon lui, la synodalité ne doit pas devenir un processus abstrait, mais un véritable chemin de rencontre en Christ. « À l’idée de marcher ensemble, je préfère celle de rencontre : le Synode est donc une rencontre en Christ », a-t-il expliqué.

Concernant l’Église italienne, Mgr Semeraro a rappelé l’importance du lien particulier que le Pape Léon XIV entretient avec cette communauté. « Le regard de spécial affection et de paternité qu’il porte à l’Église italienne est sans doute une source de joie », a-t-il dit, mais il a également insisté sur la nécessité pour le Pape de s’entourer de collaborateurs et non d’exécutants. « Le Pape a besoin de collaborateurs, pas d’exécutants, et il faut que cela se produise dans les autres pays », a-t-il précisé.

Enfin, le prélat a évoqué les canonisations de Carlo Acutis et Pier Giorgio Frassati, des événements très attendus par de nombreux catholiques. « Ce sont deux jeunes », a-t-il déclaré, « mais il ne s’agit pas de célébrer un âge, mais des espaces de la vie. » Mgr Semeraro a conclu en soulignant l’urgence de trouver des modèles de sainteté dans tous les domaines de la vie : « Il y a une urgence de modèles de sainteté », a-t-il conclu.

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