C’est un rapport alarmant qui met en lumière l’ampleur de la persécution des chrétiens en Inde. Présentée à New Delhi, l’enquête du United Christian Forum révèle une augmentation de 500 % des attaques contre les fidèles depuis 2014,soit depuis l’arrivée au pouvoir du gouvernement nationaliste hindou du Bharatiya Janata Party (BJP). Les responsables chrétiens dénoncent une propagande antireligieuse, des lois instrumentalisées et un climat de haine qui fragilise encore davantage une minorité déjà vulnérable.
Le coordinateur national de l’UCF, A. C. Michael, a précisé que les incidents documentés sont passés de 139 en 2014 à 834 en 2024, sur l’ensemble du territoire. En dix ans, l’organisation a recensé 4 959 cas de violences touchant des individus, des familles, des communautés et des institutions chrétiennes. Pour la seule période de janvier à septembre 2025, 579 nouveaux cas ont été signalés, mais seulement 39 ont donné lieu à des plaintes officielles, soit un écart de justice évalué à 93 %.Cette recrudescence est liée à la multiplication de fausses accusations de conversions forcées et à un climat politique marqué par la suspicion et la désinformation. Douze des vingt-huit États de la fédération, pour la plupart dirigés par le BJP, ont adopté des lois dites « anti-conversion » qui, d’après plusieurs défenseurs des droits humains, sont souvent utilisées pour intimider ou harceler les chrétiens.
Face à cette situation, plusieurs organisations chrétiennes ont annoncé une marche nationale de protestation à New Delhi le 29 novembre 2025. L’événement doit attirer des représentants de tout le pays et entend dénoncer à la fois la montée des violences, l’exclusion persistante des chrétiens dalits des programmes sociaux et les menaces croissantes contre les communautés tribales chrétiennes.D’après les données de l’UCF, cinq États concentrent la majorité des attaques signalées : l’Uttar Pradesh, avec environ 1 317 cas, arrive en tête, suivi du Chhattisgarh (926), du Tamil Nadu (322), du Karnataka (321) et du Madhya Pradesh (319). Ces régions représentent à elles seules près de 77 % des incidents enregistrés.
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Par ailleurs Michael Williams, estime que les accusations de conversions forcées sont régulièrement utilisées comme arme politique avant chaque élection. Les communautés les plus vulnérables, en particulier les Dalits et les tribaux chrétiens, restent les principales cibles. Selon l’organisation, au moins 37 agressions les ont visées depuis le début de l’année.De son coté , la juriste Tehmina Arora décrit des pratiques d’intimidation et d’exclusion : les chrétiens tribaux subissent coercition, boycotts sociaux et violences. On leur refuse parfois le droit à l’enterrement, au logement et même à la dignité. Certains sont poussés à se reconvertir à l’hindouisme, une pratique qu’elle qualifie de véritable conversion forcée. L’activiste Minakshi Singh a qualifié cette progression de profondément préoccupante et appelé le gouvernement à réagir.
Le United Christian Forum réclame la mise en place de tribunaux spéciaux, l’enregistrement systématique des plaintes et la création de commissions de suivi dans chaque État afin d’assurer la protection effective des minorités religieuses. Rappelons que les chrétiens représentent environ 2,3 % de la population indienne, soit près de 32 millions de personnes sur les 1,4 milliard d’habitants que compte le pays selon le recensement de 2011.


