La communauté catholique du Jharkhand ( Inde orientale) est en état de choc après une attaque d’une brutalité inouïe. Dans la nuit du mardi 30 septembre au mercredi 1er octobre 2025, douze hommes masqués ont pris d’assaut l’église Saint-Joseph de Tumdegi, dans le district de Simdega. Armés de bâtons, ils ont roué de coups deux prêtres avant de dérober plusieurs centaines de milliers de roupies ainsi que divers objets de valeur.
Les victimes sont le père Dean Thomas Soreng, prêtre expérimenté, et le père Emmanuel Baghwar, plus jeune, engagé notamment dans l’accompagnement pastoral des jeunes. Tous deux ont subi de sérieuses blessures lors de l’agression. Ils ont été immédiatement transportés dans un centre de santé voisin, où ils ont reçu des soins d’urgence. Leur état est désormais jugé stable, mais les autorités ecclésiales soulignent l’impact psychologique durable que pourrait avoir cette attaque, tant sur les prêtres que sur l’ensemble de la communauté paroissiale.
Si la police locale considère pour l’heure que l’agression relève d’un vol organisé, la violence déployée contre l’Eglise et le fait d’avoir visé directement un lieu de culte soulèvent des inquiétudes plus profondes. Dans une région où les communautés chrétiennes représentent une minorité souvent fragilisée, l’attaque alimente les craintes pour la sécurité publique et pour la paix communautaire.Le père Patras Marki, qui a déposé plainte a insisté sur la nécessité d’une enquête rapide et rigoureuse afin d’identifier et d’arrêter les auteurs.La communauté catholique locale a fermement condamné l’agression. Dans un communiqué, elle a appelé les autorités civiles à prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger les églises et renforcer la sécurité des prêtres. Elle demande aussi un soutien médical et psychologique pour les victimes, durement éprouvées.Au-delà de l’événement lui-même, cette attaque rappelle une fois de plus la vulnérabilité des institutions religieuses catholiques en Inde. Les églises, souvent perçues comme des cibles faciles, sont régulièrement exposées à des actes de vandalisme, de vol ou de violence.
Chaque agression contre des prêtres est perçue non seulement comme une atteinte à des personnes consacrées, mais aussi comme une blessure faite à toute la communauté chrétienne.
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Cette attaque de Tumdegi ne peut être comprise isolément. Elle s’inscrit dans un climat national où les chrétiens d’Inde font face à des persécutions croissantes. Depuis plusieurs années, surtout dans les États gouvernés par le Bharatiya Janata Party (BJP), des groupes nationalistes hindous multiplient les violences sous prétexte de lutter contre les conversions religieuses. Les méthodes vont de la propagande aux agressions physiques, avec souvent la complicité ou le silence des autorités locales. En août 2025, à Jaleswar (Odisha), deux prêtres, deux religieuses et un catéchiste ont été violemment battus par une foule de 70 extrémistes du Bajrang Dal, sans qu’aucune arrestation ne suive malgré la présence de la police. Quelques mois plus tôt, deux religieuses catholiques avaient été arrêtées et détenues neuf jours dans le Chhattisgarh, accusées faussement de conversions forcées.
À Indore, une autre sœur avait été inquiétée pour avoir simplement organisé un camp de santé pour enfants pauvres. Selon les chiffres du United Christian Forum, les attaques documentées sont passées de 127 en 2014 à plus de 834 en 2024, et la tendance s’accélère encore en 2025. L’Église dénonce un climat d’intimidation systématique et une impunité qui encourage les violences. Pour de nombreux observateurs, ces campagnes ne sont pas spontanées mais organisées, visant à faire taire la présence chrétienne dans l’éducation, la santé et le service des plus pauvres.
