L’intégralité de l’interview du Pape Léon XIV sera publiée le jeudi 18 décembre dans le livre «Léon XIV : citoyen du monde, missionnaire du XXIe siècle ». Nous proposons ici certains passages , où le Saint-Père revient sur son rôle, ses appels à la paix, son regard sur les fractures sociales et sa vision de la synodalité.Dès les premières lignes de l’entretien, Léon XIV rappelle que «la seule réponse est la paix». Le Pape ne nie pas la gravité des conflits, en particulier la guerre en Ukraine, mais il insiste: «après ces années de tueries inutiles de personnes des deux côtés, il faut réveiller les consciences». La voix du Souverain Pontife se fait alors écho de la tradition de l’Église qui, depuis Benoît XV jusqu’à Jean-Paul II, n’a cessé de dénoncer les guerres comme des «massacres inutiles». Le Saint-Père montre que la neutralité du Saint-Siège n’est pas une faiblesse mais une force: être médiateur, c’est inviter les parties à dire ensemble «ça suffit». Derrière ces mots, on perçoit une sagesse évangélique qui ne se contente pas de dénoncer, mais qui cherche à bâtir des ponts.
Léon XIV décrit également «l’écart croissant entre les niveaux de revenus de la classe ouvrière et l’argent que reçoivent les plus riches». Sa référence à Elon Musk et à la perspective du premier «trillionnaire» révèle une inquiétude profonde: si la richesse devient l’unique critère de valeur, l’humanité se perd. Cette critique sociale s’inscrit dans la continuité de l’enseignement social de l’Église, de Rerum novarum à Centesimus annus. La polarisation politique et culturelle est également au cœur de son analyse: «Nous devons nous rappeler le potentiel qu’a l’humanité de surmonter la violence et la haine». Ces mots résonnent comme un appel à redécouvrir la fraternité universelle, antidote aux idéologies qui divisent.
Au sujet de la synodalité, Léon XIV met en garde contre une fausse compréhension: «Il ne s’agit pas d’essayer de transformer l’Église en une sorte de gouvernement démocratique»
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Le Pape distingue avec prudence l’esprit de communion du modèle politique. La synodalité n’est pas la négation de l’autorité, mais une manière de vivre ensemble l’Église comme «peuple de Dieu». Face aux craintes de certains religieux qui y voient une menace, Léon XIV rappelle que la synodalité est une pédagogie spirituelle, non une redistribution du pouvoir. Ici se dévoile la sagesse pastorale du Pape, qui refuse l’opposition stérile entre hiérarchie et peuple, et cherche au contraire la communion.
Dans cette interview, Léon XIV conjugue deux vertus essentielles: la sagesse, qui consiste à rappeler les grands principes,paix, dialogue, dignité humaine , et la prudence, qui guide le discernement concret, notamment dans sa conception de la synodalité. La sagesse lui fait voir au-delà des urgences immédiates, en appelant à une conversion des cœurs et des structures. La prudence lui permet d’éviter les écueils, comme la tentation de copier les modèles politiques dans l’Église ou de céder au découragement face aux conflits.Ainsi, Léon XIV apparaît comme un pasteur à la fois enraciné dans la tradition et attentif aux défis de notre temps, rappelant inlassablement que l’humanité a en elle la capacité de surmonter la violence, si elle choisit la voie de la paix et de la fraternité.


