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Interview : Existe-t-il une nouvelle entente entre Washington et le Vatican ?

Marco Rubio, secrétaire d'état américain et le Pape Léon XIV - DR
Marco Rubio, secrétaire d'état américain et le Pape Léon XIV - DR
Le secrétaire d’État américain salue l’ouverture de Léon XIV, premier pape issu des États-Unis, contrastant avec les relations plus réservées entretenues avec Rome sous le pontificat de François, notamment en raison de divergences sur la politique migratoire et certaines orientations diplomatiques

Le 7 août dernier, le secrétaire d’État américain Marco Rubio a accordé un entretien à Raymond Arroyo dans l’émission The World Over sur EWTN. Il a insisté sur le caractère inédit de l’arrivée du premier pape américain et sur les perspectives qu’elle ouvre pour la coopération diplomatique.Le chef de la diplomatie américaine estime qu’un pape issu des États-Unis peut faciliter les échanges entre Rome et Washington, car il comprend directement « notre histoire, notre politique, notre culture, [et] ce qui se passe ici ». Il confie que rencontrer un Américain dans ce rôle à Rome était « presque surréaliste », habitué jusque-là à des interlocuteurs venus d’autres pays.

Même si le pontificat est encore récent, « il y a déjà eu une bonne communication entre la nation et le Vatican », explique le secrétaire d’État américain, citant notamment la coordination après l’attaque d’une église catholique à Gaza. Il souligne aussi la capacité du Saint-Siège à « jouer un rôle clé dans de nombreuses parties du monde » et à offrir ses bons offices pour « contribuer à instaurer la paix en tant que forum ou facilitateur ».

Le chef de la diplomatie américaine estime que le choix de Léon XIV répond à la volonté des cardinaux d’avoir un pape capable d’apporter stabilité et constance, d’atteindre les régions où l’Église est en croissance, mais aussi de raviver la foi là où elle s’essouffle. Il a rappelé que le Vatican s’inquiète vivement des persécutions contre l’Église au Nicaragua et en Chine, deux dossiers également sensibles pour les États-Unis.Cet élan contraste avec les années du pontificat de François, où les relations entre Washington et le Saint-Siège n’étaient pas toujours fluides. Les divergences étaient particulièrement marquées sur la politique migratoire, le Vatican plaidant alors pour une ouverture plus large aux flux migratoires, tandis que Washington défendait une approche plus restrictive. Ces orientations différentes avaient limité les initiatives communes sur le terrain diplomatique.

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L’entretien a aussi abordé la question de l’antisémitisme sur les campus américains. Interrogé sur sa décision de révoquer le visa d’un étudiant étranger ayant tenu publiquement des propos justifiant les attaques du 7 octobre, le secrétaire d’État américain a défendu sa position. « Les visas étudiants ne sont pas un droit. C’est un privilège que nous accordons », a-t-il affirmé, ajoutant que ce type de discours « a à voir avec ce qu’ils font et avec les enjeux pour les États-Unis ».Pour le secrétaire d’état , il est clair que de tels propos compromettent les objectifs de la politique étrangère et justifient une action ferme. « Pourquoi un type pareil est-il autorisé à entrer aux États-Unis avec un visa ? Il n’a pas droit à un visa », a-t-il insisté.

Cette prise de position illustre la volonté de Marco Rubio de renforcer les liens entre son pays et le Saint-Siège tout en affirmant une ligne ferme face aux discours jugés contraires aux intérêts nationaux. Pour le chef de la diplomatie américaine, l’arrivée du pape Léon XIV, premier souverain pontife originaire des États-Unis, ouvre une phase inédite marquée par une compréhension mutuelle plus profonde, fondée sur des repères culturels, politiques et historiques communs. Convaincu que le Vatican, doté d’une grande habileté diplomatique, peut jouer un rôle décisif dans la résolution de conflits et la protection des communautés chrétiennes persécutées, il voit dans cette nouvelle entente une opportunité de travailler ensemble à la paix, tout en défendant les valeurs fondamentales que partagent les deux États.

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