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[ Italie] Le blasphème, le diocèse ou l’artiste responsable d’une agression ?

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Agression survenue dans les locaux de l'exposition très controversée au Musée diocésain de Carpi, où un homme a vandalisé la toile blasphématoire dé l'artiste Andrea Saltini.

Le profil de l’homme qui s’est rendu le matin du 28 mars à l’église Saint-Augustin de Carpi, où se tient l’exposition « Gratia Plena », au cœur d’une polémique intense, en vandalisant une œuvre exposée et en blessant son auteur Andrea Saltini, n’est pas encore clair.

Les faits se sont déroulés vers 10 heures, quand un homme, selon les témoignages, portant une perruque et le visage couvert d’un masque, est entré dans la salle d’exposition en direction de « Longino », l’œuvre qui a suscité le plus de controverses en raison de son caractère blasphématoire.

Selon l’agence Adnkronos, l’homme « a endommagé la toile avec un couteau » qui a également été « souillée avec de la peinture en bombe noire ». C’est Saltini lui-même, présent à ce moment-là, « qui a tenté de bloquer l’homme (…) et une bagarre a éclaté au cours de laquelle l’artiste a été poussé », et également légèrement blessé avec le couteau avant que l’agresseur ne prenne la fuite.

L’artiste Saltini, transporté immédiatement à l’hôpital, est ressorti quelques heures plus tard avec quatre points de suture. Quant à l’agresseur, ses traces semblent s’être perdues, même si les nombreux témoins et les caméras dans la région devraient aider les enquêteurs à identifier le coupable.

L’agression est un acte grave, sans aucune justification, qui détourne en outre l’attention de l’objet de la polémique, à savoir la décision du diocèse d’organiser dans une église et de maintenir – malgré une vaste contestation – une exposition objectivement blasphématoire.

Le diocèse responsable ?

Des comités et des associations s’étaient mobilisés pour pousser l’évêque Erio Castellucci à annuler l’exposition. Des chapelets de réparation ont été organisés (très suivis) juste en face du lieu de l’exposition et l’association Pro Vita e Famiglia a lancé une pétition en ligne qui a recueilli plus de 30 000 signatures.

De plus, une plainte a été déposée auprès du procureur de Modène pour « outrage à la religion catholique, blasphème et exposition d’images blasphématoires dans un lieu sacré » par l’avocat Francesco Minutillo. Et même avant cela, une plainte avait été déposée par l’association Quanta Cura pour violation de l’article 403 du code pénal, qui concerne l’« offense à une confession religieuse ». Cela démontre que le scandale de cette initiative diocésaine a été reconnu par de nombreux fidèles, même de différentes confessions ecclésiales.

Mais face à des protestations si répandues, le diocèse et l’évêque Castellucci en personne ont érigé un mur en invoquant la « sacralité » des parcours artistiques et en jugeant avec mépris les critiques.

Cependant, même une polémique brûlante et une opposition aussi obstinée du diocèse ne peuvent en aucun cas justifier l’agression d’hier. En effet, les premières à condamner de manière catégorique ce qui s’est passé ont été les associations actives dans la mobilisation pour demander la fermeture de l’exposition : l’association San Michele Arcangelo, par l’intermédiaire de son référent Simone Ortolani, et Pro Vita e Famiglia. Ortolani a exprimé un « profond dégoût pour l’acte de violence perpétré contre M. Andrea Saltini (…)

Nous condamnons avec la plus grande fermeté toute forme de violence ». Sur la même longueur d’onde, Pro Vita e Famiglia a exprimé « toute sa solidarité envers l’artiste Andrea Saltini (…) pour l’agression folle et injustifiable subie ». Les deux associations souhaitent également une « sanction pénale appropriée » pour l’agresseur.

Cependant, les deux associations ne manquent pas de stigmatiser l’attitude du diocèse dans toute l’affaire de l’exposition : « Dans cette douloureuse affaire », déclare le communiqué de l’association San Michele Arcangelo, « le manque total de discernement et de bon sens de ceux qui auraient dû dialoguer pour éviter d’exacerber les esprits et de créer des fractures douloureuses dans la communauté est évident ». Et Antonio Brandi, président de Pro Vita, « regrette qu’une affaire qui aurait pu être résolue depuis longtemps avec un peu plus de bon sens ait entraîné ces conséquences répugnantes ».

Adapté de la Bussola

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