Lors de l’inauguration du centre d’accueil des visiteurs du Monument National de Stonewall à New York le 28 juin dernier, Joe Biden a une nouvelle fois déclenché une controverse en faisant un signe de croix déplacé dans un contexte qui ne s’y prêtait pas. Le président américain était présent aux côtés du chanteur Elton John, qui a prononcé un discours passionné contre les atteintes aux droits LGBTQ+ sous une éventuelle réélection de Donald Trump, agrémenté d’un juron.
En réponse, Biden a ri et esquissé un signe de croix comme s’il regrettait d’avoir ri.
Ce geste n’est pas une première pour Biden. À plusieurs reprises, lors d’événements sans lien religieux direct, le président catholique a surpris son auditoire en effectuant des signes de croix, suscitant des interrogations sur son respect envers la foi commune.
En 2012, lors d’un congrès rabbinique à Atlanta, Biden avait déclenché des rires en se signant tandis qu’un présentateur faisait référence à ses 36 ans de service au Sénat du Delaware. Un incident similaire s’est produit lors d’une réunion à l’ONU en septembre dernier, lorsque le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a évoqué leur amitié de “quarante ans” devant la presse.
En avril de cette année, lors d’un meeting en Floride en faveur du droit à l’avortement, Biden a ri après une plaisanterie maladroite de la dirigeante démocrate de Floride envers le gouverneur républicain de l’État, suivant immédiatement ce rire d’un signe de croix.
Ces gestes risquent de nuire à Biden au sein de l’électorat catholique, où l’association de signes de croix à des discussions controversées est perçue comme déplacée. Suite à l’incident en Floride, l’évêque de Springfield (Illinois), Mgr Thomas Papriocki, avait critiqué Biden, estimant que faire ce signe lors d’un événement promouvant le droit à l’avortement était une “moquerie de la foi catholique”.
Ces épisodes alimentent une polémique persistante sur la foi de Biden, certains évêques remettant en question ses convictions religieuses et son lien avec l’Église en raison de ses positions politiques. Pendant la campagne de 2020, l’ancien évêque de Providence (Rhode Island) avait même noté que pour la première fois, le ticket démocrate ne comprenait pas de catholique.
Les experts soulignent que ces gestes de Biden ne semblent pas être motivés par la foi religieuse, mais plutôt par une tentative maladroite de représailles ou de regret face à des situations controversées. Pour Blandine Chélini-Pont, spécialiste du catholicisme américain et professeure à l’université d’Aix-Marseille, ils ne traduisent qu’une “contrition symbolique d’un homme croyant” confronté à des moments de vulgarité ou de propos déplacés.
La Croix indique que Massimo Faggioli, historien du catholicisme et professeur à l’université de Villanova, estime pour sa part que ces gestes reflètent plus un contexte électoral où chaque petit geste peut être utilisé contre le président sortant. Selon lui, Biden a tort de penser qu’il y a encore de la place pour l’ironie dans le débat public américain, surtout lorsque cette ironie est associée à des gestes religieux.
