L’élection de José Antonio Kast à la présidence chilienne marque une rupture profonde avec les orientations politiques et sociétales des dernières années. Avocat de formation, ancien député et leader du Parti républicain, il a remporté le second tour de l’élection présidentielle le dimanche 14 décembre 2025, s’imposant face à la candidate de gauche Jeannette Jara. Son score, 58 % des voix, reflète l’adhésion d’une majorité d’électeurs à un discours centré sur la sécurité, l’autorité de l’État et le rejet de l’agenda culturel progressiste.
Né à Santiago en 1966, José Antonio Kast est le benjamin d’une fratrie de dix enfants, issue d’une famille d’origine allemande profondément marquée par la foi catholique. Son parcours personnel et familial joue un rôle central dans sa vision du monde. L’un de ses frères a d’ailleurs embrassé la vie sacerdotale. Lui-même a été formé au Colegio Alemán de Santiago avant d’étudier le droit à la Pontificia Universidad Católica de Chile, un cadre intellectuel qui a consolidé ses convictions morales et religieuses.Dès ses années universitaires, il s’engage au sein du Mouvement grémial, courant politique d’inspiration catholique conservatrice. C’est dans ce contexte qu’il rencontre Jaime Guzmán, fondateur de l’Union démocrate indépendante (UDI), figure majeure du catholicisme politique chilien. Cette influence est déterminante. Kast y forge une conception de la politique comme service du bien commun, fondé sur des principes moraux objectifs, au premier rang desquels la défense de la vie et de la famille.
Marié depuis 1991 à María Pía Adriasola, José Antonio Kast est père de neuf enfants et membre du mouvement de Schönstatt. Il se définit lui-même comme catholique pratiquant et n’a jamais dissimulé l’ordre de ses priorités, qu’il a résumé dans une formule devenue emblématique, « je suis d’abord catholique, ensuite homme politique, et avant tout père de famille ». Cette cohérence entre vie personnelle, foi et engagement public constitue l’un des traits les plus constants de son parcours.

Sur le plan sociétal, José Antonio Kast est connu pour ses positions fermes. Il s’oppose à l’avortement, y compris en cas de viol, rejette la pilule du lendemain, le divorce et le mariage entre personnes de même sexe. S’il a choisi de ne pas placer ces sujets au cœur de sa campagne présidentielle, afin d’élargir son électorat, il ne les a jamais reniés. Ces positions l’ont souvent exposé à de vives critiques, mais elles s’inscrivent clairement dans la doctrine morale de l’Église catholique qui précise que la vie humaine doit être protégée dès la conception jusqu’à la mort naturelle et que l’avortement constitue une atteinte grave à la dignité de la personne humaine.
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Le pape François a rappelé à de nombreuses reprises que l’avortement n’est jamais une solution et qu’il implique l’élimination d’un innocent. Dans la continuité de cet enseignement, le pape Léon XIV a également souligné que la défense de la vie demeure un principe non négociable pour les catholiques engagés dans la vie publique. En ce sens, l’engagement pro-vie de José Antonio Kast s’inscrit dans une fidélité explicite au magistère de l’Église.
Figure controversée par certains, José Antonio Kast assume également son regard positif sur la période de la dictature d’Augusto Pinochet, affirmant par le passé que l’ancien chef de l’État aurait voté pour lui. Cette position nourrit l’inquiétude d’une partie de la population et alimente une opposition déterminée à son égard.
Lors de son premier discours comme président élu, le soir de sa victoire, José Antonio Kast a tenu à remercier publiquement sa famille pour son soutien constant et a confié son futur mandat à Dieu, demandant sagesse, tempérance et force pour gouverner. Un geste qui, pour ses partisans, illustre la cohérence d’un homme qui refuse de dissocier foi et responsabilité publique.Il prendra officiellement ses fonctions le 11 mars 2026. Son élection ouvre une nouvelle phase de l’histoire chilienne, marquée par une confrontation assumée entre deux visions de la société. Pour ses soutiens, elle représente une réaffirmation des valeurs traditionnelles et du rôle structurant du christianisme. Pour ses détracteurs, elle incarne un retour en arrière. Quoi qu’il en soit, avec José Antonio Kast, la question de la place de la foi, de la vie et de la famille au cœur du débat politique chilien est désormais posée sans détour.


