La polémique avait éclaté mi-juillet, lorsque François Bayrou avait évoqué la suppression de deux jours fériés pour réduire le déficit public, parmi lesquels le 8 mai, commémoration civile, et le Lundi de Pâques, fête chrétienne majeure. Dans un courrier aux partenaires sociaux, le Premier ministre a laissé entendre que certaines “spécificités” seraient préservées, notamment en Alsace, en Moselle et à Saint-Pierre-et-Miquelon.En Alsace, deux jours fériés supplémentaires, le Vendredi Saint et le 26 décembre, sont protégés par le droit local hérité du régime concordataire. Inquiète des rumeurs de suppression, Brigitte Klinkert, députée Renaissance du Haut-Rhin, a contacté le Premier ministre, “Il m’a donné toutes les assurances et m’a dit que je pouvais rassurer les Alsaciens”, assure-t-elle. Selon elle, il n’est pas question de toucher à ces deux fêtes, qui constituent “un marqueur de notre histoire et de notre identité régionale”.
Pour le reste du pays, la donne est différente. La suppression du Lundi de Pâques, même présentée par certains évêques comme un “moindre mal” face à d’autres options, constitue déjà une défaite culturelle et spirituelle. Cette fête, qui prolonge la joie de la Résurrection, est un repère liturgique et populaire, elle rappelle que Pâques ne se résume pas à un dimanche isolé, mais s’inscrit dans un temps de célébration. Y renoncer, c’est admettre qu’un jalon de la foi chrétienne peut être sacrifié au nom de l’équilibre budgétaire.
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Et c’est là que le danger est immense. Car un précédent aura été créé : supprimer un jour férié religieux au motif économique. Une fois cette barrière tombée, rien n’empêchera qu’un futur gouvernement, invoquant la même logique ou toute autre raison, s’attaque au 15 août ou même au 25 décembre. Ce qui est en jeu, ce n’est pas seulement un jour de congé, c’est l’idée même que les grandes fêtes chrétiennes structurent le calendrier national et la vie commune. Une fois ce lien brisé, il sera très difficile de le restaurer.
La perte du Lundi de Pâques, elle, serait un pas de plus vers l’effacement des marqueurs chrétiens dans l’espace public.
Au-delà des calculs économiques, c’est toute une vision du calendrier français qui est en jeu, les jours fériés chrétiens, qu’il s’agisse du Lundi de Pâques, de l’Ascension, de la Toussaint ou du 15 août, forment une trame culturelle partagée, même par les non-pratiquants. Les retirer ou les remplacer, c’est priver la société d’un lien symbolique avec son histoire chrétienne fondatrice.Notons que, devant l’inexistence de toute contestation de la part des évêques de France, cette suppression risque bien de passer… comme une lettre pastorale à la poste.