Dans une France où l’on gomme les croix des monuments officiels pour ne froisser personne, l’initiative de l’Olympique de Marseille de placer une croix d’azur au centre de son nouveau maillot extérieur 2025-2026 mérite d’être saluée. Sur un fond bleu nuit, le symbole se détache discrètement mais clairement. Il n’est pas une provocation. Il est simplement l’un des plus anciens emblèmes de la cité phocéenne.
La croix bleue et blanche, dite aussi croix d’azur, est le blason historique de Marseille. On la retrouve encore aujourd’hui sur la façade de l’hôtel de ville. Elle a déjà été utilisée par l’OM, notamment lors du maillot anniversaire des 120 ans du club en 2019. Cette année, elle revient au cœur du design, stylisée à travers des lignes évoquant les tifos des supporters. « Ces milliers de feuilles qui composent les tifos spectaculaires, brandis à l’unisson par les supporters, sont évoquées par les lignes graphiques qui parcourent la tunique et viennent dessiner la mythique croix phocéenne », explique le club sur son site officiel.
Mais cette croix, pourtant civique et locale, a suffi à provoquer des réactions outrées sur les réseaux sociaux. Comme si un tel symbole ,trop chrétien dans sa forme, n’avait plus sa place dans l’espace public, fût-il footballistique. Une fois encore, le soupçon de sacré gêne. Une fois encore, on voudrait faire disparaître ce qui rappelle que notre pays s’est bâti dans l’ombre bienveillante de la croix.Contacté sur le sujet, l’Olympique de Marseille s’est abstenu de tout commentaire. Prudence compréhensible, mais qui en dit long. Dans le climat actuel, même afficher un emblème historique et municipal devient un acte sensible, presque suspect.
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Le parallèle est inévitable : il y a quelques mois, l’affiche officielle des Jeux olympiques de Paris avait volontairement effacé la croix qui surmonte l’église Saint-Louis des Invalides, pour ne pas heurter une laïcité devenue militante. Le même réflexe pousse aujourd’hui certains à contester une croix marseillaise sur un maillot… comme si ce simple motif textile devenait un signe de ralliement idéologique.Or, il ne s’agit ici ni de militantisme religieux ni de provocation. Il s’agit d’une fidélité : fidélité à une ville, à son histoire, à son identité profonde. Marseille n’est pas qu’un port. C’est une ville façonnée par deux mille ans de christianisme, où les pierres et les cœurs portent encore l’empreinte de la croix.
À ceux qui s’indignent d’un tel symbole sur un maillot de football, on peut poser une question simple : pourquoi la croix dérange-t-elle tant, même lorsqu’elle n’annonce que l’attachement à une ville ? La réponse, en creux, révèle un mal plus profond : celui d’une France qui n’ose plus assumer ce qu’elle est. Et qui, à force d’avoir honte de ses fondements, risque bien de ne plus savoir se défendre.