Le message vidéo du pape François diffusé lors de l’ouverture du Festival de Sanremo 2025 suscite la controverse. Alors que la communication vaticane semble prise au dépourvu, des voix s’élèvent pour questionner la manière dont cette intervention a été orchestrée. Un enchaînement confus qui met en lumière les fragilités d’une machine communicationnelle de plus en plus difficile à contrôler.
Une vidéo hors contexte
Le 6 février dernier, lors de la soirée inaugurale du Festival de Sanremo, l’événement télévisé le plus suivi d’Italie, le public a découvert un message vidéo du pape François. Un moment qui aurait pu être marquant s’il ne s’était pas accompagné d’une polémique immédiate.
Le site Dagospia a en effet révélé que cette vidéo n’avait pas été enregistrée pour Sanremo, mais en mai 2024, en remerciement aux artistes ayant participé à la Journée mondiale des enfants, un événement organisé au Vatican, avec Carlo Conti comme présentateur. Selon le site, François aurait lui-même découvert après coup que son message avait été inséré dans le programme du festival, et il n’aurait pas apprécié cette utilisation hors contexte.
L’affaire a éclaté lors de la conférence de presse quotidienne de Sanremo, où le journaliste Giuseppe Candela (Dagospia) a interpellé Carlo Conti sur l’origine de la vidéo. L’animateur a affirmé l’avoir reçue le 1er février, en réponse à une demande formulée le 12 janvier. Cette requête mentionnait explicitement la prestation prévue de la chanteuse israélienne Noa et de la Palestinienne Mira Awad, ce qui laisse supposer une tentative de récupération du message papal dans un cadre diplomatique particulier.
Qui est responsable de cette confusion ?
Un nom revient avec insistance dans cette affaire : le père Enzo Fortunato. Ce franciscain, longtemps impliqué dans la communication vaticane, a servi d’intermédiaire pour transmettre la vidéo. Il était jusqu’à récemment responsable de la communication de la Basilique Saint-Pierre et avait coordonné la Journée mondiale des enfants.Or, le père Fortunato a annoncé sa démission quelques jours avant la diffusion de la vidéo, un timing qui interroge. Selon Dagospia, il aurait quitté son poste en raison de la polémique naissante. Toutefois, selon la Nuova Bussola Quotidiana, son départ était acté depuis au moins une semaine et serait lié à son incompatibilité avec sa récente nomination à la tête du Comité pontifical pour la Journée mondiale des enfants.
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Cette confusion autour des dates et des responsabilités souligne une nouvelle fois le chaos latent qui règne dans la communication vaticane. L’absence de réaction officielle de la Salle de presse du Saint-Siège, qui n’a pas jugé utile de clarifier l’origine et l’objectif de cette vidéo, renforce l’impression d’un Vatican dépassé par sa propre stratégie médiatique.
Une surmédiatisation du souverain pontife qui interroge
Cet épisode vient s’ajouter à une surexposition médiatique croissante du pape François. Trois semaines plus tôt, le souverain pontife accordait une longue interview à Fabio Fazio, dans une émission très suivie. Le Pape, coutumier du fait, a depuis le début de son pontificat opté pour une communication directe, souvent sans filtres, passant par des interlocuteurs privilégiés au gré des opportunités.
Mais cette fois-ci, l’affaire a pris une tournure embarrassante. En cherchant à exploiter un message pontifical hors contexte, les organisateurs du Festival – avec ou sans l’aval des instances vaticanes – ont alimenté une confusion qui aurait pu être évitée. Plus largement, cela pose la question de la cohérence et de la maîtrise des apparitions médiatiques du Pape.Car, si cette présence médiatique est une stratégie concertée, alors il est peut-être temps de la repenser. Un pontificat doit-il se prêter à toutes les mises en scène télévisées ? Le message du pape François aurait-il été mieux perçu s’il avait été introduit de manière plus claire, avec un véritable ancrage pastoral ?
Cette fausse note à Sanremo illustre donc une fois de plus la difficulté pour le Vatican de contrôler son propre récit. Une réalité qui devrait interroger ceux qui, au sein de la Curie, pilotent la communication du Saint-Siège dans un monde saturé d’images et de stratégies médiatiques.