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« La peine de mort n’est pas compatible avec l’Évangile » : les évêques congolais dénoncent la condamnation à mort de Joseph Kabila

Joseph Kabila - DR
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« Réconcilier sans détruire, juger sans tuer : telle doit être la voie d’un peuple qui veut rester fidèle à l’Évangile et à sa Constitution »

« La peine de mort n’est pas compatible avec l’Évangile et ne favorise pas la cohésion nationale » : c’est par ces mots que la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) a réagi à la condamnation à mort prononcée par la Haute Cour militaire contre l’ancien président Joseph Kabila. Dans un communiqué rendu public le 7 octobre, les évêques congolais se disent « choqués par ce verdict » et dénoncent une décision « en contradiction avec la protection de la vie et les valeurs de l’Évangile ».

La déclaration, signée par Mgr Fulgence Muteba Mugalu, archevêque métropolitain de Lubumbashi et président de la CENCO, affirme :
« Conscients que la peine de mort et sa logique rétributive ne sont pas compatibles avec l’Évangile, désireux de rétablir la paix, la cohésion nationale et de garantir l’intégrité du territoire, nous sommes horrifiés par le verdict de la Haute Cour militaire de Kinshasa à l’issue du procès sommaire contre le président honoraire Joseph Kabila. »

L’ancien chef de l’État, au pouvoir de 2001 à 2019, a été condamné à mort par contumace le 30 septembre pour trahison. La Haute Cour militaire le juge complice de la rébellion du M23/AFD, active dans la province du Nord-Kivu. Cette décision, inédite dans l’histoire du pays, intervient dans un contexte marqué par de fortes tensions politiques et la persistance des violences dans l’est du territoire.Les évêques rappellent que la République démocratique du Congo observait depuis 2003 un moratoire sur l’exécution de la peine capitale. Le 13 mars 2024, le ministère congolais de la Justice avait décidé de lever ce moratoire, une mesure que la CENCO avait aussitôt condamnée. « Le moratoire devait naturellement déboucher sur l’abolition, et non sur la reprise de cette mesure inhumaine », affirment-ils aujourd’hui. La CENCO rappelle également que la Constitution congolaise reconnaît le caractère sacré de la vie humaine, et que « toute justice authentique doit respecter ce principe fondamental ».

Dans sa déclaration, la CENCO s’inscrit dans la continuité de l’enseignement de l’Église catholique sur la défense de la vie. Depuis plusieurs décennies, le magistère a clairement affirmé l’inadmissibilité de la peine de mort. Déjà, saint Jean-Paul II, dans Evangelium Vitae, affirmait que les sociétés modernes disposent de moyens suffisants pour protéger les citoyens sans ôter la vie à celui qui a fauté. Le Catéchisme de l’Église catholique, révisé en 2018, enseigne que la peine capitale « porte atteinte à l’inviolabilité et à la dignité de la personne ».

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Les évêques congolais reprennent cet appel à la lumière de l’Évangile : la vie humaine, même marquée par la faute, demeure un don de Dieu. C’est pourquoi ils appellent à préférer la justice restauratrice à la justice rétributive, dans un esprit de réconciliation nationale.

La CENCO exhorte les autorités congolaises à privilégier la voie du dialogue, plutôt que celle de la vengeance. Elle demande l’ouverture d’un processus national « inclusif », réunissant toutes les forces politiques et sociales, y compris l’ancien président Kabila et les groupes rebelles, afin de « rétablir la paix, la cohésion nationale et l’unité du territoire ».

« Réconcilier sans détruire, juger sans tuer : telle doit être la voie d’un peuple qui veut rester fidèle à l’Évangile et à sa Constitution », conclut la déclaration.

Dans un pays profondément marqué par la guerre et la méfiance politique, la voix des évêques demeure un repère moral. Fidèles à leur mission prophétique, ils rappellent que la justice véritable ne peut se construire sur la mort d’un homme, mais sur la vérité, la repentance et la miséricorde. Leur appel rejoint celui du pape Léon XIV, qui rappelait récemment que toute société chrétienne doit refuser la logique de la mort et redécouvrir la puissance du pardon .En rappelant la primauté de la vie sur toute autre considération, l’Église congolaise invite son peuple à espérer contre toute espérance, convaincue que la paix durable naîtra non des tribunaux, mais des cœurs réconciliés.

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