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L’Adieu des moines de l’Abbaye d’Oelenberg : un millénaire de présence monastique prend fin en Alsace

Ce samedi 8 juin marque la fin de la présence monastique à l’abbaye d’Oelenberg (Haut-Rhin). La communauté de moines cisterciens, présente depuis 1825, est vieillissante et non renouvelée;

«Information : à partir de cette date, les moines quitteront l’abbaye».

Le jour fatidique est arrivé à l’abbaye d’Oelenberg, sur le site de laquelle un message inhabituel prévenait les visiteurs et les fidèles du départ prochain de la communauté monastique. «Les activités continuent et le magasin reste ouvert comme d’habitude !» tempère certes ce message en ouverture du site Internet.

Il n’empêche : à compter de ce samedi, le chant des moines ne résonnera plus entre les murs de cette abbaye fondée en 1046, par la mère du pape Léon IX, Heilwige de Dabo, comtesse d’Eguisheim.

Des moines de l’Ordre cistercien de la stricte observance, que l’on appelle communément les trappistes, étaient implantés dans l’abbaye depuis 1825. La communauté y était revenue après un exil en Allemagne, contraint par la Révolution française au cours de laquelle l’abbaye avait été confisquée puis vendue comme bien national à un industriel de Mulhouse. Les bâtiments, rachetés par un prêtre sous la Restauration, retrouvèrent alors leur vocation religieuse.

Depuis, les moines trappistes ont développé les terres agricoles de l’abbaye pour dégager des revenus, installant même une brasserie, une fromagerie, une boulangerie et une imprimerie, assurant la prospérité de l’abbaye d’Oelenberg. Au début du XXe siècle, ils étaient encore 200 moines, et l’abbaye rayonnait tant sur le plan religieux qu’intellectuel.

Un siècle plus tard, en 2020, la communauté compte moins d’une dizaine de membres, dont seulement quatre moines, vieillissants. Elle a annoncé conjointement avec le diocèse de Strasbourg, avoir choisi de quitter les lieux, assurant réfléchir depuis deux ans à son avenir.

Dom Dominique-Marie Soch, qui avait été élu père abbé en 2017, a remis sa charge en 2023 car il a atteint la limite d’âge fixée à 75 ans. Un laïc en charge des activités économiques de l’abbaye, Philippe Lizier, a expliqué à Famille chrétienne qu’aucun candidat au sein de la communauté ne s’est proposé pour succéder en tant que père abbé.

L’absence de Père Abbé ne permettait plus aux frères de «mener la vie monastique à Oelenberg conformément à la Règle de saint Benoît, dans des conditions adaptées à la formation des jeunes frères et matériellement satisfaisantes». Les bâtiments de plus de 25.000 m² sont en mauvais état, et les moines se disent «à bout de force» pour les entretenir.

Les moines ont pris plusieurs semaines au printemps pour discerner sur leur avenir, chacun à part, dans d’autres monastères cisterciens : ils ont ensuite décidé de se retirer séparément dans ces monastères pour poursuivre leur vocation monastique, et se répartiront donc entre les abbayes de Timadeuc dans le Morbihan, d’Acey dans le Jura, de Scourmont en Belgique et du Mont-des-Cats dans le département du Nord.

La messe continuera pour l’heure d’être célébrée le dimanche à l’abbaye. Le diocèse et l’ordre cistercien ont annoncé réfléchir pour assurer «un avenir chrétien» sur le site de l’abbaye.

Source Le Figaro

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