« Ils ont aimé Jésus sans réserve, de manière simple, forte et authentique. » En une phrase, le pape Léon XIV a saisi l’essentiel de ce qui fit la grandeur de saint Jean Eudes, saint Jean-Marie Vianney et sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus. Ce 31 mai 2025, dans un message solennel adressé à la Conférence des évêques de France pour le centenaire de leur canonisation, le Souverain Pontife a rappelé que ces figures étaient données « comme maîtres à écouter, modèles à imiter, et puissants intercesseurs à prier et invoquer ».
Plus qu’une célébration, ce centenaire est un appel. Léon XIV insiste : « Ils ont fait l’expérience de la bonté et de la tendresse du Christ dans une proximité quotidienne particulière, et en ont témoigné avec un admirable élan missionnaire. » Ce témoignage, insiste-t-il, doit aujourd’hui inspirer les pasteurs de France à raviver cet esprit de zèle et de vérité.Le pape va plus loin encore : « Il faut réveiller l’espérance et susciter un nouvel élan missionnaire », déclare-t-il, en exprimant aussi sa reconnaissance « à tous les prêtres de France pour leur engagement courageux et persévérant ».
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Il est des appels qui résonnent comme un souffle clair dans le tumulte des compromis. Celui de Léon XIV semble viser sans détour la tiédeur d’un certain épiscopat français. Tandis que la France a débattu de la légalisation de l’euthanasie dans un silence épiscopal trop souvent poli, la voix du Successeur de Pierre rappelle que l’Église n’est pas faite pour murmurer, mais pour proclamer, même à contre-courant.
Face à la pression croissante de lois qui banalisent la mort et marginalisent la foi, que reste-t-il du courage de saint Jean Eudes, de l’intransigeance aimante du Curé d’Ars ou de la clarté limpide de sainte Thérèse ? Ces saints n’ont pas cherché la reconnaissance mondaine. Ils ont tenu bon, imperturbables, dans leur amour du Christ.Le pape, avec ce message, ne demande pas des souvenirs, mais des actes. Il n’appelle pas à la nostalgie, mais à l’imitation. Et dans un pays qui a engendré tant de saints et tant d’apôtres, il est permis de s’interroger : cet appel sera-t-il enfin entendu, ou viendra-t-il s’ajouter à la liste des exhortations devenues inaudibles, étouffées sous les prudences pastorales ?
INTEGRALITE DU MESSAGE DU PAPE LEON XIV aux évêques de France
Messaggio del Santo Padre
« Je suis heureux de pouvoir m’adresser pour la première fois à vous, pasteurs de l’Église de France et, à travers vous, à tous vos fidèles alors qu’est célébré, en ce mois de mai 2025, le 100ᵉ anniversaire de la canonisation de trois Saints que, par la grâce de Dieu, votre pays a donnés à l’Église universelle : saint Jean Eudes (1601-1680), saint Jean-Marie Vianney (1786-1859) et sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus et de la Sainte Face (1873-1897). En les élevant à la gloire des autels, mon prédécesseur Pie XI souhaitait les présenter au Peuple de Dieu comme des maîtres à écouter, comme des modèles à imiter, et comme de puissants soutiens à prier et à invoquer. L’ampleur des défis qui se présentent, un siècle plus tard, à l’Église de France, et à la mission chrétienne dans les autres lieux de ses trois figures de sainteté pour y faire face, me poussent à vous inviter à donner un relief particulier à cet anniversaire.
Je ne retiendrais, dans ce bref Message, qu’un trait spirituel que Jean Eudes, Jean-Marie Vianney et Thérèse ont en commun : ils ont ressenti de manière très particulière et intime, à leur époque et aux temps d’aujourd’hui : ils ont aimé sans réserve Jésus de manière simple, forte et authentique ; ils ont fait l’expérience de sa bonté et de sa tendresse dans une particulière proximité quotidienne, et ils en ont témoigné dans un admirable élan missionnaire.
Le regretté pape François nous a laissé, un peu comme un testament, une belle Encyclique sur le Sacré-Cœur dans laquelle il affirme : « Le lieu où Jésus se plaît, qui ne passe pas, qui s’offre toujours de nouveau à celui qui aime, continue de jaillir de la blessure du côté du Christ. Seul son amour rendra possible une nouvelle humanité » (Dilexit nos, n. 219). Il ne saurait y avoir de plus beau et de plus simple programme d’évangélisation et de mission pour votre pays : faire découvrir à chacun l’amour de tendresse et de prédilection que Jésus a pour lui, au point d’en transformer la vie.
Et à ce titre, nos trois Saints sont assurément des maîtres dont je vous invite à faire sans cesse connaître et apprécier la vie et la doctrine au Peuple de Dieu. Saint Jean Eudes n’est-il pas le premier à avoir célébré le culte liturgique des Cœurs de Jésus et de Marie ; saint Jean-Marie Vianney n’est-il pas ce passionnément amoureux de son ministère qui affirmait : « Le sacerdoce, c’est l’amour du cœur de Jésus » ; et enfin, sainte Thérèse de l’Enfant Jésus et de la Sainte Face n’est-elle pas le grand Docteur en scientia amoris dont notre monde a besoin, elle qui “respira” à chaque instant de sa vie le Nom de Jésus, avec spontanément et ferveur, et qui enseigna aux plus petits une voie “d’enfance” pour y accéder ?
Célébrer le centenaire de canonisation de ces trois Saints, c’est d’abord une invitation à rendre grâce au Seigneur pour les merveilles qu’il a accomplies en votre pays au long des siècles d’évangélisation et de vie chrétienne. Les Saints n’apparaissent pas spontanément mais, par la grâce, surgissent au sein de Communautés chrétiennes vivantes qui ont su leur transmettre la foi, allumer dans leur cœur le désir de la fidélité et les soutenir. C’est donc à vous, évêques de France, encore, il m’importe beaucoup de veiller sur cette culture et de demeurer proches des cœurs.
Ce centenaire ne peut être vécu que si ces occasions ne se contentent pas d’être un simple retour nostalgique au passé qui affaiblit l’élan. Il est une occasion providentielle de réveiller la foi et d’un nouvel élan missionnaire. Dieu peut, moyennant le secours des saints qu’Il vous a donnés et que vous célébrez, renouveler en profondeur votre mission. C’est pourquoi j’invoque leur intercession : que la Patronne des missions, la petite Thérèse de Lisieux, que le Curé d’Ars et Jean-Marie Vianney, que Jean Eudes, infatigable missionnaire et éducateur de prêtres, obtiennent pour vous et pour le Peuple de Dieu un triple esprit d’audace, de fidélité et de charité pastorale.
En vous confiant à la prière des Saints que vous honorez en ce jubilé, et qui veillent sur votre terre de France, je demande à Notre-Dame de l’Assomption, votre Patronne, que votre ministère épiscopal soit fécond dans l’annonce du Ressuscité, Lui, le Sauveur du monde.
En adressant de tout cœur mes vœux de grâces à votre Président et aux membres de la Conférence des Évêques de France, ainsi qu’à toutes les personnes confiées à vos soins pastoraux, je vous accorde de grand cœur ma Bénédiction Apostolique.
Du Vatican, le 28 mai 2025″
Source Vatican