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Le cardinal Ayuso Guixot, artisan du dialogue interreligieux, s’éteint à 72 ans

Cardinal Ayuso - DR
Cardinal Ayuso - DR
« Le dialogue ne consiste pas à nier nos différences, mais à les respecter pour bâtir ensemble un avenir de paix »

Le cardinal Miguel Ángel Ayuso Guixot, préfet du Dicastère pour le dialogue interreligieux, est décédé ce lundi 25 novembre à l’hôpital Gemelli de Rome, à l’âge de 72 ans. Figure discrète et érudite, il était un promoteur infatigable de la fraternité entre les religions, ayant accompagné le pape François dans ses voyages apostoliques les plus marquants. Ce matin encore, lors d’une audience, le Saint-Père avait demandé de prier pour lui, évoquant sa santé fragile.

Né à Séville le 17 juin 1952, dans une famille catholique de neuf enfants, Miguel Ángel Ayuso Guixot est marqué dès son enfance par la culture andalouse, où cohabitent les héritages chrétiens et musulmans. Après des études de droit, il rejoint les Missionnaires Comboniens en 1973, fait sa profession perpétuelle en 1980 et est ordonné prêtre la même année.

Spécialiste des études arabes et islamiques, il obtient une licence au PISAI (Institut Pontifical d’Études Arabes et Islamiques) avant de partir en mission en Égypte, puis au Soudan en pleine guerre civile. Là, il œuvre auprès des migrants, des réfugiés et des étudiants catholiques, développant une compréhension profonde des relations interreligieuses. « Le dialogue ne consiste pas à nier nos différences, mais à les respecter pour bâtir ensemble un avenir de paix », disait-il souvent.

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En 2007, il est nommé consultant auprès du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, dont il devient secrétaire en 2012, avant d’en prendre la tête en 2019. Ses nombreuses missions incluent la promotion de relations fraternelles avec les musulmans, les bouddhistes, les hindous et les adeptes de nombreuses autres confessions.

Le cardinal Ayuso a joué un rôle clé dans les voyages du pape François visant à renforcer les liens avec d’autres religions. Parmi eux, le voyage historique aux Émirats arabes unis en 2019, où le Document sur la fraternité humaine a été signé avec le grand imam d’Al-Azhar, ou encore la visite en Irak en 2021. « Après la visite du pape, l’Irak n’était plus seulement le symbole de la guerre, mais celui de l’espérance et de la résilience », confiait-il.

Son expertise en islam et sa foi profonde faisaient de lui une figure incontournable du dialogue interreligieux. En septembre 2023, malgré sa santé déclinante, il accompagne encore le pape en Mongolie. Mais la maladie finit par prendre le dessus, l’empêchant de participer à d’autres engagements.

Érudit et humble, le cardinal était également professeur et doyen au PISAI, où il a formé plusieurs générations d’experts du dialogue interreligieux. « Nous sommes tous frères, et il est de notre devoir de construire des ponts, pas des murs », affirmait-il.

Ses collègues se souviennent d’un homme qui descendait la Via della Conciliazione en priant à voix basse, animé par une foi sincère et un profond désir d’unité. Le pape François, rendant hommage à son œuvre, a déclaré : « Il était un pont entre les religions, un artisan de paix et un fidèle serviteur de l’Église. »

Le cardinal Ayuso laisse un héritage durable : celui d’un engagement constant pour la fraternité universelle, marqué par des paroles, des actes et une foi inébranlable.

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