L’installation du cardinal Robert McElroy comme nouvel archevêque de Washington, le 11 mars dernier, marque l’arrivée d’une figure controversée et résolument libérale à la tête d’un diocèse symbolique, au cœur du pouvoir américain. Connu pour ses critiques virulentes contre le président Donald Trump et ses positions progressistes sur les questions sociétales, le cardinal McElroy prend la tête d’une Église locale confrontée à des défis majeurs.
Lors de la messe solennelle d’installation, célébrée à la Basilique du Sanctuaire National de l’Immaculée Conception, le cardinal a exhorté les fidèles à devenir des « pèlerins de l’espérance dans un monde blessé ». Il a déclaré : « Quelle espérance pourrions-nous apporter à notre monde en tant qu’Église de Washington si nous pouvions réellement aider notre société à voir les autres comme Dieu les voit : des enfants bien-aimés, des sœurs et des frères. »
Cette homélie, empreinte d’un discours d’inclusion, a également été l’occasion pour le cardinal de dénoncer les « prisons dans nos âmes » causées par « les limites de nos préoccupations terrestres », appelant les catholiques à « refuser d’être dominés par ces prisons ».
Nommé par le pape François le 6 janvier dernier, McElroy succède au cardinal Wilton Gregory, premier cardinal afro-américain, désormais archevêque émérite. Proche du pape et aligné avec ses priorités, McElroy est connu pour sa défense des migrants et sa volonté d’une plus grande inclusion des catholiques LGBTQ. Des positions qui tranchent avec les convictions de nombreux fidèles attachés à la doctrine traditionnelle de l’Église.
En 2017, en pleine présidence Trump, McElroy avait appelé les catholiques à « perturber » les politiques anti-immigration, affichant un engagement politique qui interroge sur sa capacité à rassembler l’ensemble des fidèles de son nouvel archidiocèse.
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Cette nomination, qui a mis fin à des mois de tensions et de controverses, intervient dans un contexte particulier. Le pape François avait initialement écarté la candidature du prélat McElroy avant de revenir sur sa décision après la réélection de Donald Trump en 2024. Un choix qui s’inscrit dans un climat politique tendu, alors que Donald Trump a nommé Brian Burch, figure conservatrice et critique du pape, comme ambassadeur auprès du Saint-Siège.
Dans son homélie, le cardinal McElroy a dénoncé les « divisions de race, de genre, d’idéologie et de nationalité qui prolifèrent dans la politique, la religion, la vie familiale et l’éducation ». Il a poursuivi en déplorant que « les pauvres et les migrants soient dépossédés chaque jour et que la dignité des enfants à naître soit niée ».
Des paroles qui, si elles traduisent une volonté d’unité, peinent à masquer une orientation idéologique marquée. En effet, le cardinal McElroy est loin de faire l’unanimité parmi les catholiques américains, dont beaucoup s’inquiètent de la tournure prise par certaines décisions du Vatican.
Le 16 mars prochain, le cardinal McElroy prendra officiellement possession de la cathédrale Saint-Matthieu, lors d’une messe solennelle. Ce moment marquera l’entrée en fonction d’un archevêque dont le mandat s’annonce délicat. Entre tensions doctrinales et divisions sociétales, l’Église de Washington devra relever de nombreux défis sous cette nouvelle direction.