Selon Paris Match et certaines confidences de prélats à Rome, la nomination d’un évêque auxiliaire à Marseille n’est plus qu’une question de temps. Le cardinal Jean-Marc Aveline, archevêque de la cité phocéenne et président de la Conférence épiscopale de France, « ne peut mener de front plusieurs charges à la fois » selon un prélat français de son entourage. Rome estime qu’il doit déléguer davantage pour assurer une gouvernance plus stable du diocèse.Mais cette décision s’inscrit dans un climat de défiance. L’enquête de Paris Match a fait grand bruit au Vatican. Elle a mis en lumière « à quel point Marseille n’a pas pris les actions nécessaires pour ne pas revictimiser ceux qui ont subi des abus » et souligné que « rien n’a été entrepris pour prévenir l’apparition de nouveaux abus » précise Arthur Herlin dans l’hebdomadaire.
Reçu par le pape Léon XIV le 18 septembre, il semblait en position pour prendre la tête du prestigieux dicastère pour les évêques. Mais la Curie a finalement tranché : « le préfet de ce dicastère capital ne peut être soupçonné de quoi que ce soit » a confié un proche de l’entourage pontifical. Le Saint-Siège, refroidi, a confié la charge à Monseigneur Filippo Iannone.
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À ces tensions romaines s’est ajouté la contestation locale. Un collectif de fidèles de l’église Saint-Maurice à Marseille a adressé une lettre au pape Léon XIV demandant la démission du cardinal Aveline. Dans ce document, le Collectif pour la défense de l’église Saint-Maurice dénonce « une trahison spirituelle et patrimoniale » et accuse le cardinal d’avoir abandonné deux paroisses de Pont-de-Vivaux au profit d’un projet immobilier contesté. Le texte accuse Mgr Aveline d’une « gouvernance marquée par l’opacité, le silence et l’absence de courage évangélique ».Dans cette lettre, les fidèles affirment que « la démission de Mgr Jean-Marc Aveline est devenue inévitable » afin de permettre à l’Église de Marseille de retrouver la confiance perdue. Cette démarche populaire, inédite par sa solennité, a renforcé l’impression d’une crise profonde.
Face à la contestation, le cardinal et son entourage maintiennent un ton de fermeté. Selon Paris Match, « l’omerta règne à l’archevêché de Marseille », les responsables diocésains rejetant les critiques et refusant de reconnaître les erreurs pointées par la presse.Dans ce contexte, la nomination d’un évêque auxiliaire apparaît comme une mesure de sauvegarde. Elle vise à rétablir une gouvernance plus sereine dans la cité phocéenne, mais aussi à libérer le cardinal Aveline pour ses fonctions nationales. Pourtant, entre les révélations médiatiques, la défiance romaine et la colère des fidèles, une lourde incertitude continue de peser sur l’avenir du diocèse de Marseille.