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Le Comité d’éthique juge possible l’euthanasie

Si une nouvelle loi sur la fin de vie devait être discutée en France, Alain Claeys, l’un des rapporteurs d’un avis rendu mardi par le Comité national consultatif d’éthique (CCNE, parmi lesquels huit membres ont souhaité exprimer une « réserve ») a déclaré :

“Il existe une voie pour une application éthique d’une aide active à mourir, à certaines conditions strictes avec lesquelles il apparaît inacceptable de transiger”.

Face à l’APP, Emmanuel Macron a confirmé son intention de légiférer sur ce sujet à l’issue d’une consultation citoyenne.

“Le CCNE indique qu’on peut ouvrir le sujet sur les majeurs en faisant une distinction entre les personnes majeures et mineures”.

Le comité évoque la difficulté de l’expression du consentement, notamment en cas de maladie psychiatrique et va se pencher sur cette question cruciale : “est-ce que chacun peut disposer seul de sa vie ?”

Pendant la campagne présidentielle, interpellé par une personne atteinte de la maladie de Charcot, Macron avait alors déclaré :

“Je suis favorable à ce qu’on évolue vers le modèle belge”.

La Belgique a dépénalisé l’euthanasie, notamment en cas de maladie dégénérative grave.

Une convention, annoncée pendant la campagne, sera installée en octobre et aura 6 mois pour rendre ses travaux. Quant à savoir si la fin de vie sera traitée par la voie parlementaire ou par référendum, Emmanuel Macron botte en touche :

“ce n’est pas encore décidé… Ce n’est pas un chemin que j’exclus”.

Dans leur réserve, 8 membres du CCNE soulèvent plusieurs inquiétudes :

– Quel message enverrait une évolution législative à la société ? Revendiquer le recours à une aide active à mourir engage soi-même et les autres, non seulement dans le champ privé de sa relation aux autres, mais aussi dans le champ sociétal. Nous nous inquiétons d’une revendication d’autonomie du sujet qui tendrait à dénier que cette évolution, à la jonction de l’intime et du collectif, ne nous concerne pas seulement en tant qu’individu mais en tant que parties d’un corps social et interroge plus largement le rapport de ce corps à la mort et à la vie.

– De ce fait, quel message enverrait une telle évolution législative aux personnes gravement malades, handicapées ou âgées ? Ne risque – t – elle pas d’être perçue comme le signe que certaines vies ne méritent pas d’être vécues ? Nous nous inquiétons que cette loi suscite une forme de culpabilité, voire un complexe de vivre chez des personnes souffrant déjà d’une exclusion sociale. En outre, comment concilier une évolution législative de l’aide active à mourir avec la nécessaire prévention au suicide et les politiques d’accompagnement de la vieillesse ?

– Enfin, quel message enverrait aujourd’hui une évolution législative au personnel soignant ? Dans le contexte de crise sanitaire majeure que nous connaissons et d’une crise de la vocation soignante et médicale, alors même que les personnels de santé témoignent d’une souffrance éthique inédite, il nous semble inapproprié de sembler prioriser cette évolution législative par rapport à l’urgence que requiert la situation alarmante de notre système de santé. En outre, pour de nombreux soignants, l’assistance au suicide et l’euthanasie correspondent à des actes contraires à la vocation et au sens du devoir médical et du soin, contradictoires avec le serment d’Hippocrate. La mise en place d’une aide active à mourir risquerait de représenter pour eux une abdication signifiant l’incapacité collective à prendre réellement en charge la fin de vie.

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