Le Pape François a prononcé un discours ambitieux sur la paix en Méditerranée le samedi 23 septembre au palais du Pharo de Marseille. Il a considéré cette mer comme un reflet du monde et un laboratoire de paix, tout en dénonçant sa transformation « de berceau de la civilisation en tombeau de la dignité ».
Il a appelé à un « sursaut contre le naufrage de la civilisation ».
Depuis la ville aux 60 consulats, Marseille, surnommée le « sourire de la Méditerranée », le Pape a souligné les inestimables ressources de la Méditerranée, malgré ses nombreux conflits. Il a décrit la Mare Nostrum comme un lieu de rencontre entre les religions abrahamiques, les pensées grecque, latine et arabe, ainsi que les domaines de la science, de la philosophie et du droit. Elle a propagé dans le monde entier « la haute valeur de l’être humain, doté de liberté, ouvert à la vérité et en quête de salut ».
Le Pape a également fait référence à des figures historiques, dont Fernand Braudel, grand historien de la Méditerranée, et Giorgio Lapira, ancien maire de Florence, initiateur des colloques méditerranéens. Lapira qualifiait ce bassin de « mystérieux lac de Tibériade élargi » lors d’un discours en 1958.
Pour le Pape François, la Méditerranée représente également la mer de Galilée, où Jésus a vécu parmi une grande variété de peuples, de cultes et de traditions. C’est un contexte instable qui appelle à « élargir les frontières du cœur, en dépassant les barrières ethniques et culturelles ».
La Méditerranée est le miroir du monde, un laboratoire de paix La Méditerranée, en tant que carrefour du Nord et du Sud, de l’Est et de l’Ouest, concentre les défis mondiaux, notamment ceux liés au climat. Le Pape a exhorté à préserver le maquis méditerranéen en tant qu’unique écrin de biodiversité.
Le Pape a dénoncé l’utilisation des armes et de l’avidité du pouvoir pour résoudre les problèmes actuels. Il a appelé à s’inspirer de l’exemple de Jésus, qui a commencé par donner de l’espoir aux pauvres et les a proclamés bienheureux. Il a encouragé à traiter les communautés comme des frères, à les accueillir, à les intégrer et à leur accorder dignité.
Marseille, en tant que « capitale de l’intégration », a été soulignée par le Pape. Il a déclaré que la précarité conduisait à la criminalité, et que l’engagement des institutions seules ne suffisait pas. Il fallait une prise de conscience collective pour dire « non » à l’illégalité et « oui » à la solidarité.
Le Pape a souligné le déclin de la prise en charge des problèmes et a posé de nombreuses questions sur qui se préoccupait des jeunes livrés à eux-mêmes, des personnes asservies par un travail précaire, des familles effrayées pour leur avenir, des personnes âgées isolées, et des enfants à naître.
Il a également évoqué la situation des chrétiens contraints de quitter leur terre ou de vivre sans que leurs droits soient reconnus.
Un cri de douleur qui transforme la Méditerranée en tombeau Le Pape a évoqué le cri de douleur des migrants qui transforme la « mare nostrum en mare mortuum ». Il a appelé tous les ports de la Méditerranée à ne pas se fermer, mais à offrir hospitalité aux personnes qui risquent leur vie en mer.
Le Pape a rappelé que l’urgence migratoire était un fait de notre temps concernant trois continents et qu’elle devait être gérée avec sagesse et responsabilité européenne. Il a souligné que l’Église universelle dénonçait cette situation depuis un demi-siècle et que la dignité humaine devait être le critère principal dans la gestion de cette crise.
L’intégration a été présentée comme un défi difficile mais clairvoyant. L’assimilation, qui ne tient pas compte des différences, a été critiquée car elle provoque la ghettoïsation, l’hostilité et l’intolérance.
Le Pape a conclu en appelant les chrétiens à témoigner de l’Évangile de la charité en donnant de la chair à ses enseignements. Il a encouragé à être crédible dans cette démarche et à considérer les personnes comme des dons plutôt que comme des fardeaux. Il a appelé à une pastorale centrée sur la dignité humaine et à créer une conférence ecclésiale de la Méditerranée pour mieux répondre aux besoins spirituels et humains des migrants. Enfin, il a souligné l’importance de la formation des jeunes pour ouvrir des portes au dialogue et à la coexistence pacifique.