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Le pape François fait l’éloge des ONG de sauvetage des migrants, mais la charité a-t-elle ses limites ?

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L'on peut s'interroger si" l'harmonie avec l'Evangile" passe par une "diversité imposée" à des peuples de culture, de religion et d'histoire différentes

Lors de l’audience du 11 décembre 2024, le pape François a rendu hommage aux ONG qui se consacrent au sauvetage des migrants, soulignant que « face à la complexité du phénomène migratoire, les autorités civiles ne parviennent pas toujours à assumer pleinement leurs responsabilités ». Ses paroles ont été adressées à l’ONG italienne ResQ – People Saving People, qui œuvre dans la Méditerranée pour secourir les migrants en détresse.

Le pape a souligné la « nécessité vitale » de ces actions : « Le sauvetage de ceux qui risquent de sombrer dans des embarcations de fortune, ainsi que l’accueil des migrants arrivant en Europe après des voyages périlleux, est une tâche indispensable », a-t-il déclaré en ouverture de son discours. Ses propos mettaient en lumière la situation tragique des migrants, fuyant des zones de conflits souvent marquées par des violations graves des droits humains, des crises humanitaires et des souffrances extrêmes.

Cependant, une question demeure : le pape François prend-il réellement la mesure des limites de la charité chrétienne dans un contexte où les capacités d’accueil des pays européens sont saturées ? Son appel à l’engagement des ONG face à la défaillance des États pose la question de l’équilibre entre solidarité et gestion des flux migratoires. « La plupart du temps, malheureusement, de nombreuses vies sont exploitées, rejetées, maltraitées, réduites en esclavage », a déploré le pontife, soulignant l’incapacité de nombreuses autorités à répondre de manière adéquate aux défis migratoires.

Pourquoi ne jamais poser la question d’une solution durable dans les pays d’origine des migrants, pourquoi ne pas s’attaquer à la cause réelle de ces mouvements migratoires plutôt que de la subir comme une fatalité ?

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En louant l’action des ONG qui s’engagent concrètement à « offrir un peu de leur temps, ingéniosité et ressources », le pape a voulu rappeler les valeurs chrétiennes d’accueil, de promotion et d’intégration des migrants. « Il faut accueillir, accompagner, promouvoir et intégrer l’émigrant. Cette générosité est en harmonie avec l’Évangile », a-t-il ajouté. L’on peut alors s’interroger si » l’harmonie avec l’Evangile » passe par une « diversité imposée » à des peuples de culture, de religion et d’histoire différentes ? si il y a contrainte y-a t-il harmonie ?

Au-delà de la générosité, se pose la question de l’impact à long terme de telles actions. La multiplication des sauvetages ne risque-t-elle pas d’encourager une logique de dépendance et d’accroître l’ampleur des flux migratoires, en dépit des tensions sociétales et économiques qu’ils génèrent dans de nombreux pays européens ? Le pape François, bien que profondément humaniste dans ses paroles, semble omettre les défis que pose l’accueil de masses croissantes de migrants dans des sociétés déjà fragilisées par la crise économique et sociale. L’intégration de ces populations, souvent issues de cultures et de réalités très différentes, nécessite un équilibre délicat que la charité seule ne peut assurer.

Si l’action des ONG mérite d’être saluée pour son courage et son humanisme, il est légitime de s’interroger sur les conséquences d’une telle politique migratoire à long terme. Le pape François, dans son discours, semble ignorer les questions de souveraineté et de responsabilité étatique, posant une réflexion importante : la charité chrétienne peut-elle, à elle seule, répondre aux défis globaux des migrations, sans risques pour la cohésion sociale et la stabilité des nations concernées ?


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