« Le prochain pape sera africain », cette confidence, rapportée par l’un des cardinaux électeurs à la veille du Conclave qui s’ouvrira le 7 mai, ne relève ni de la stratégie ni de la surprise. Elle exprime une hypothèse crédible, envisagée avec prudence et sérieux dans un climat de prière, de silence et de responsabilité.
L’Église n’est ni une institution politique ni une démocratie des continents. Le choix du Souverain Pontife ne répond à aucune logique mondaine. Il s’agit avant tout de discerner la volonté de Dieu…et celle-ci pourrait selon certaines confidences se porter sur un pape africain.
Si cela peut étonner les esprits modernes, trois papes d’origine africaine ont exercé la charge suprême dans les premiers siècles du christianisme, à une époque où l’unité de foi primait sur toute considération géographique :Saint Victor Ier (pape de 189 à 199), né en Afrique du Nord, joua un rôle majeur dans la fixation de la date de Pâques et dans l’usage du latin dans la liturgie.Saint Miltiades (pape de 311 à 314), probablement africain, reçut du pouvoir impérial le palais du Latran et vit l’Église sortir de la persécution.Saint Gélase Ier (pape de 492 à 496), d’origine nord-africaine, affirma la primauté du Siège de Rome et la doctrine des deux pouvoirs, distinguant clairement l’autorité spirituelle de l’autorité temporelle.
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Tous trois ont été reconnus saints par l’Église. Leur mémoire est honorée non pour leur origine, mais pour la fermeté de leur foi et leur fidélité à la mission confiée à Pierre.
Parmi les membres du Collège électoral figurent plusieurs cardinaux africains dont la foi, la clarté doctrinale et le courage pastoral sont unanimement salués :Le cardinal Fridolin Ambongo, archevêque de Kinshasa, figure de l’Église en Afrique centrale, homme de prière et de vérité.Le cardinal Peter Turkson, originaire du Ghana, longtemps en service à la Curie romaine, attentif aux enjeux humains sans céder à la pression idéologique.Le cardinal Dieudonné Nzapalainga, archevêque de Bangui, connu pour son engagement pastoral dans des contextes de conflit.Le cardinal Robert Sarah, ancien préfet de la Congrégation pour le Culte divin, est connu pour sa profondeur spirituelle, son attachement à la liturgie, et sa fidélité sans faille à la doctrine catholique. Nommé évêque à 34 ans par Jean-Paul II, puis cardinal par Benoît XVI, il demeure une figure respectée dans toute l’Église.
Aucun d’eux ne se présente. Aucun d’eux ne fait campagne. Ce sont des serviteurs de l’Église, dont les noms sont évoqués avec respect, sans agitation.
Si un cardinal africain venait à être élu pape, il ne représenterait pas un « tournant » ni une « ouverture ». Il serait, tout simplement, le successeur de Pierre, appelé à confirmer ses frères dans la foi, dans la fidélité à la tradition reçue.Cette possibilité ne s’explique ni par une redistribution des équilibres du monde, ni par une volonté d’exprimer la diversité. Elle traduit l’unité réelle de l’Église : une, sainte, catholique et apostolique. L’Évangile n’est ni européen, ni africain, ni américain. Il est éternel.