À l’origine, l’Église célébrait l’intégralité du mystère pascal du Christ en une seule célébration, la vigile pascale. Cependant, il est devenu nécessaire de développer chaque aspect de ce mystère en autant de célébrations distinctes : le repas pascal, la passion et la mort du Seigneur, le silence du tombeau, et la résurrection.
Ce développement a débuté à Jérusalem, où les fidèles pouvaient se rendre de lieu en lieu sur les traces du Sauveur : le Cénacle, le Jardin des Oliviers, le Golgotha, etc. Ainsi est né au IVe siècle le « triduum pascal », les trois jours, comme l’a exprimé saint Augustin, du « Christ crucifié, enseveli et ressuscité », qui s’étendait du jeudi soir au dimanche de Pâques.
Le Samedi saint, l’Église reste près du tombeau de son Seigneur. Elle médite sur la passion et la mort du Christ, ainsi que sur sa descente aux enfers, dans l’attente de sa résurrection, à travers le jeûne et la prière. Ces quelques lignes dans le Missel romain définissent le sens du Samedi saint, articulé autour de la méditation, du jeûne et de la prière.
À la fin de la célébration de la Passion le Vendredi saint, l’assemblée se retire dans le silence. Le dépouillement de l’église, l’absence de nappes d’autel, de fleurs, de cierges, et surtout l’ouverture du tabernacle vide nous aident à comprendre le silence, qui reflète l’absence. Bien que nous ne soyons pas dans la sidération des disciples qui ont perdu leur maître et vu leurs espoirs s’effondrer, dès la fin de l’office du Vendredi saint, nous entrons dans la célébration du silence.
Nous éprouvons l’absence de Dieu, nous permettant de partager le sort d’une grande partie de l’humanité qui ignore qu’elle est voulue et aimée par un Dieu de tendresse et d’amour.
C’est pourquoi la méditation est au cœur de ce jour :
« L’Église ouvre le livre et se souvient : l’amour nous a aimés jusqu’à la fin. »
Ces premiers mots d’un hymne orientent notre méditation. Il s’agit non seulement de méditer sur la Passion, qui est le point culminant du don de la vie du Christ, mais aussi de contempler comment il s’est donné à chaque instant de sa vie. Le passage par la mort est inscrit dans la volonté du Christ de prendre chair parmi nous, les circonstances ne sont que le témoignage de la méchanceté des hommes incapables de reconnaître la beauté de l’amour qui va jusqu’au bout.
En ces heures du Samedi saint, il est bon de prendre le temps de méditer sur l’amour de Dieu qui s’est abaissé jusqu’à descendre sur notre terre, et plus encore jusqu’à descendre au plus bas des enfers pour sauver l’humanité dans sa totalité.
L’autre aspect du silence est le jeûne, non seulement de nourriture, mais aussi de paroles inutiles, d’activités qui perturbent la méditation. Jeûner, c’est accepter d’être faible, de se mettre en situation de dépendance, surtout de se mettre en capacité de recevoir et donc d’attendre en silence d’être comblé.
Car le jeûne demandé à chacun correspond au jeûne que toute l’Église vit en l’absence de célébration eucharistique. Le Samedi saint, aucune messe n’est célébrée, personne ne communie au corps du Christ ressuscité, excepté ceux qui sont sur le point de mourir, à qui on apporte la communion en viatique. Il faut attendre. Attendre la nuit qui célèbre la joie surabondante du passage de la mort à la vie.
Dans l’attente, au cœur du silence et de la méditation, jaillit la prière, prolongement de la grande prière du Vendredi saint, surtout de la prière du Christ qui a offert le monde à son Père.
Le silence du Samedi saint n’est pas un vide inutile, il nous déleste de nous-mêmes pour découvrir en nous la présence de Celui qui nous conduit au Père par l’Esprit.
Source Eglise catholique de France