Le 26e Congrès Catoliques et Vie Publique, organisé par l’Association Catholique de Propagandistes, a vu l’intervention de Monseigneur José Ignacio Munilla, évêque d’Orihuela-Alicante, qui a livré une réflexion profonde sur les défis sociétaux actuels. Dans sa conférence intitulée Penser et agir en temps d’incertitude, il a qualifié le socialisme de « idéologie ennemie de la Croix ».
Le prélat a expliqué que cette idéologie et ses courants sociologiques et politiques sont devenus « la tombe des peuples », offrant une solution par « papa État » au lieu d’encourager l’engagement personnel et le sacrifice individuel.
Selon Mgr Munilla, face à l’imposition d’une nouvelle société, la réponse ne réside pas seulement dans la dénonciation ou l’alternance politique. « Ce mouvement ne peut être affronté que par un véritable mouvement de conversion », a-t-il insisté. À ses yeux, seule « une rénovation de sainteté » permettra de sortir de la crise actuelle. Il a également souligné que la société a besoin d’un « changement de vision du monde, dans lequel nous passions d’ennemis de la Croix à être le peuple de la Croix ». Pour lui, « sans la Croix, il n’y a pas de gloire », précisant que la Croix conduit à la « gloire », qui est la « pleine félicité ».
Le prélat a exprimé ses préoccupations quant au vide spirituel de l’homme moderne, que l’on tente de combler par le consumérisme et le matérialisme. Cette fuite de la souffrance, en particulier de la souffrance chrétienne, prive l’humanité de sa véritable dignité. « Ce monde souffre énormément de ne pas vouloir souffrir, de fuir la Croix du Christ », a-t-il affirmé.
Le philosophe français Fabrice Hadjadj, intervenant au congrès, a abordé le thème Quo vadis ? Penser et agir en temps d’incertitude. Il a souligné que ce défi n’est pas un simple dilemme, mais une question de « vie ou de mort ». Pour Fabrice Hadjadj, il est nécessaire d’accepter l’incertitude avec une « âme guérie », et de comprendre que la souffrance fait partie intégrante de l’existence chrétienne. Il a précisé qu’il est inévitable de ressentir « la peur », non pas tant la peur de mourir, mais celle de « vivre à la hauteur du défi ».
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Dans l’Europe postmoderne, selon Fabrice Hadjadj, ce défi se cristallise dans une société qui « désespère de l’humain » et qui tend à « constitutionnaliser l’avortement et l’euthanasie », tout en réévaluant l’histoire coloniale de manière réductrice. Ces revendications, a-t-il ajouté, émanent de la « mort du désir » et correspondent à l’agitation du désespoir.
Ayaan Hirsi Alí, militante pour les droits humains, a également pris la parole, soulignant que « plus la présence du christianisme dans la société est faible, plus la crise sociale en Occident est profonde ». Elle a mis en lumière les effets du multiculturalisme et de la mondialisation, qu’elle considère comme « deux faces de la même pièce ». Selon elle, d’un côté, la « retribalisation de la société » se traduit par la montée de groupes identitaires, et de l’autre, l’évaporation des valeurs partagées conduit à une fragmentation croissante.
Elle a dénoncé les restrictions croissantes à la liberté d’expression et de religion, ainsi que la résurgence d’un racisme « valable et légitime » contre les Blancs et les Juifs en Europe et en Amérique, au nom de la justice sociale intersectionnelle. Hirsi a également alerté sur la prolifération de « pseudo-religions » qui se présentent comme égales ou supérieures au christianisme, ainsi que sur des idées telles que « l’existence de multiples genres », qu’elle juge déconnectées de la réalité.
Pour elle, ces courants de pensée rendent de plus en plus difficile l’enseignement des valeurs morales fondamentales, comme la distinction entre le bien et le mal, aux jeunes générations. À l’université, la recherche de la vérité est souvent remplacée par la création de récits, tandis que la recherche de l’excellence par le mérite est perçue comme une ennemie de la diversité. Si cette tendance se poursuit, elle estime que cela marquera le début de la décadence de la société.
Hirsi a appelé à un « retour à un christianisme ferme et sûr », loin des modes passagères. Elle a exhorté les chrétiens à résister au déclin démographique en Europe, en incitant les jeunes à se marier et à fonder des familles. Elle a également insisté sur l’importance pour les institutions éducatives et culturelles de promouvoir un « ethos chrétien », comme elles l’ont fait par le passé.
Le congrès a également cherché à inclure les jeunes, en offrant des espaces spécifiques, comme une table ronde avec des missionnaires numériques. Environ 1 000 jeunes, venant de différentes villes espagnoles, ont eu l’occasion d’écouter les témoignages d’évangélistes des réseaux sociaux tels que Carlos Taracena, Carla Restoy et Irene Alonso.
Bien que le Pape François n’ait pas abordé directement le socialisme, il a exprimé par le passé des préoccupations similaires. En 2019, il avertissait contre « le piège des idéologies », soulignant que « le danger des idéologies, c’est qu’elles éloignent l’humanité de la réalité de la souffrance humaine, des exigences du bien commun et de la dignité des personnes ».
Le 26e Congrès Catoliques et Vie Publique a permis de mettre en lumière les défis contemporains auxquels l’Église et la société sont confrontées. Il a été un appel à un retour aux valeurs chrétiennes face à une montée des idéologies qui marginalisent les principes du christianisme.