Le Synode des évêques est le fruit de l’initiative de Paul VI en 1965. À travers le Motu proprio Apostolica sollicitudo, il définissait ce Synode comme un “conseil permanent d’évêques pour l’Église universelle.” Dès le début, Paul VI anticipait que cette institution évoluerait avec le temps, affirmant qu’elle “se perfectionnera avec le temps,” tel que toute institution humaine le fait.
L’évolution du Synode a été étroitement liée à la réception progressive du Concile Vatican II, notamment en ce qui concerne la vision ecclésiologique qui lie le peuple de Dieu, le collège des évêques et le pape. En 2015, le pape François a souligné cette dimension synodale de l’Église lors du cinquantième anniversaire du Synode, déclarant que “l’Église synodale est une Église de l’écoute” où tous les acteurs écoutent mutuellement, y compris le peuple fidèle, le collège des évêques et l’évêque de Rome, tous écoutant l’Esprit Saint.
En 2018, la constitution apostolique Episcopalis communio a apporté des modifications significatives au Synode. Au lieu d’être un événement ponctuel, elle l’a transformé en un processus étendu sur trois ans, de 2021 à 2024, intitulé “Pour une Église synodale. Communion, participation, mission.” Ce nouveau format s’est caractérisé par une phase de consultation et d’écoute approfondie du Peuple de Dieu à tous les niveaux de l’Église, de la paroisse à l’échelle continentale.
L’écoute est devenue un moyen de rencontre et de dialogue, favorisant l’échange entre les Églises locales et régionales.
Cependant dans cet environnement où de nombreux acteurs de l’Église sont écoutés, il est important de noter que des voix discordantes peuvent également se faire entendre. Parmi elles, le cardinal américain Raymond Burke participera à un congrès international intitulé “Babel synodal” le 3 octobre, à la veille de l’ouverture du Synode.
Récemment, le cardinal Burke a rédigé la préface d’un essai intitulé “Le Processus synodal : Une boîte de Pandore”, sous la forme d’un dialogue en questions-réponses, en collaboration avec José Antonio Ureta, originaire du Chili, et Julio Loredo de Izcue, originaire du Pérou.
Trop souvent injustement qualifiés de complotistes , les discours exposants certaines réserves sur des aspects et thèmes du synode doivent aussi être écoutés si l’on souhaite répondre à une véritable réflexion venant de tous les horizons de l’Eglise.
Notons certaines critiques plus marquées dont celles du cardinal George Pell qualifiant le synode de « cauchemar toxique », et le document de travail produit par Rome de « pot-pourri » écrit « en jargon néomarxiste » et « New Age », « hostile à la tradition apostolique ».
Ou encore le cardinal Muller qui va plus loin et parle d’apostasie…il déplore que le mot « synode » soit devenu une sorte de « terme passe-partout », mais surtout
une porte vers la « démocratisation » et la « protestantisation » de l’Église, dont le symptôme manifeste est le synode allemand qui, selon ses mots, va au-delà du schisme – le cardinal Müller parle d’« apostasie ».
Le cardinal Robert Sarah a été moins virulent tout en affirmant récemment que les ” pouvoirs du Pape ne sont pas illimités “. Cependant il avait indiqué en 2019 que « qui est contre le pape est hors de l’Église » et confirmé en 2021 : « Jamais je ne me suis opposé au Pape ».
Nous verrons si à partir du 4 octobre prochain les opposants et les voix favorables à ce processus synodal sauront s’entendre ou si ce synode marquera le début d’une démarche schismatique de l’Eglise.