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Le traitement inhumain réservé à un prêtre polonais : les Droits de l’Homme témoignent

Père Michał Olszewski - DR
Père Michał Olszewski - DR
L'affaire du père Michał Olszewski met en lumière des violations graves des droits humains. Après avoir été victime de traitements cruels en détention, le prêtre catholique et ses collègues ont été au cœur d'une enquête controversée

Dans un choquant publié en décembre 2024, le commissaire polonais aux droits de l’homme a confirmé que le père Michał Olszewski, président de la Fondation Profeto, a été victime de « traitements inhumains » et d’autres violations graves de ses droits et libertés durant sa détention. Une situation qui soulève des préoccupations majeures concernant l’utilisation des moyens de pression sur les opposants politiques en Pologne, notamment au sein du contexte catholique, et qui met en lumière une situation de persécution quasi-totalitaire.

Arrêté en mars 2024 dans le cadre d’une enquête sur des irrégularités dans l’octroi de fonds du Fonds de Justice, le père Olszewski a été placé en détention préventive avec des conditions particulièrement sévères. Les accusations portées à son encontre concernaient la réception de plus de 66 millions de zlotys (environ 15,5 millions d’euros) de fonds publics, alloués à la Fondation Profeto pour la construction d’un centre destiné aux victimes de crimes. Toutefois, bien que les allégations de détournement n’aient pas été prouvées, l’affaire a été marquée par de nombreuses irrégularités.

Les conditions de détention du prêtre ont été particulièrement cruelles : il a été empêché de contacter son avocat, moqué publiquement et contraint de porter des menottes pendant de longues heures. Ses demandes d’eau, de nourriture et d’accès aux toilettes sont restées sans réponse, et des fouilles corporelles répétées ont été effectuées sans raison valable. Ces traitements, décrits par son avocat comme des « intimidations », ont soulevé un véritable scandale, attirant l’attention du commissaire aux droits de l’homme qui a confirmé ces violations dans son rapport.

Le 25 octobre 2024, après avoir payé une caution substantielle, le père Olszewski et ses coaccusées, Urszula Dubejko et Karolina Kucharska, ont été libérées. Cependant, l’enquête continue de suivre son cours, et des pressions supplémentaires sont exercées contre la famille du prêtre. Des perquisitions répétées ont eu lieu à l’appartement de ses parents, ce qui a suscité l’indignation de son avocat, qui y voit une tentative de pression politique sur la famille et les proches du prêtre.

Le commissaire a également relevé que les conditions de détention de ses deux coaccusées avaient été tout aussi inhumaines. Karolina Kucharska a été interrogée pendant 18 heures sans recevoir de repas complet, et Urszula Dubejko a été privée de son avocat durant la procédure judiciaire. Ces violations des droits humains se produisent dans un contexte où la Pologne fait face à une intensification des tensions politiques et sociales, notamment concernant la situation des minorités religieuses et politiques.

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Malgré la gravité des accusations, le commissaire aux droits de l’homme a insisté sur le fait qu’il n’y avait aucune preuve de torture, bien qu’il ait reconnu les « violations sérieuses » et les « très mauvais traitements » infligés aux accusés. Il a également souligné que les autorités, notamment l’Agence pour la sécurité interne (ABW), n’avaient pas respecté leurs propres procédures en matière d’enregistrement des arrestations, rendant encore plus difficile la vérification des accusations de mauvais traitements.

Cette affaire met en lumière un environnement de plus en plus répressif en Pologne, où les figures d’opposition, en particulier celles proches des cercles catholiques et des organisations de la société civile, se retrouvent souvent dans des situations de persécution. L’affaire du père Olszewski rejoint une longue liste de cas où des actions de l’État sont perçues comme étant dirigées contre les opposants politiques et les minorités, notamment chrétiennes, dans un pays où la démocratie et l’État de droit sont parfois remis en question.

Dans le cadre de cette affaire, plusieurs voix, y compris celles des observateurs internationaux, appellent à une réforme du système judiciaire et de la gestion des affaires politiques sensibles, afin d’éviter la répétition de telles violations des droits humains. La situation du père Olszewski et de ses coaccusées rappelle l’importance de protéger les droits des individus, en particulier ceux qui sont persécutés en raison de leurs convictions religieuses ou politiques.

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