Depuis 2000 ans

Le trésor de la cathédrale d’Angoulême

Ouvert au public depuis le 20 novembre 2016, le Trésor de la cathédrale Saint-Pierre d’Angoulême est une création exceptionnelle de Jean-Michel Othoniel, fruit de huit années de conception et de réalisation. Ce travail d’une rare complexité est une véritable splendeur qui suscite l’admiration.

Cette aventure artistique a débuté en 2008 lorsque le plasticien Jean-Michel Othoniel, connu pour ses œuvres telles que l’entrée de la station de métro Palais-Royal à Paris et le bosquet du Théâtre d’eau dans le Domaine de Versailles, remporte le concours d’aménagement du Trésor dans la cathédrale d’Angoulême.

Un an après le début des travaux de restauration de l’édifice, l’idée de retrouver l’esprit néo-roman dans la nef, insufflé par l’architecte Paul Abadie au XIXe siècle pour les diocèses de Périgueux, Angoulême et Cahors, est née. Ainsi, la décision est prise de mettre en valeur le Trésor, collecté au fil des ans par Jacques Sauquet, responsable de la Commission d’art sacré du diocèse, dans un espace désaffecté et désacralisé au pied de l’ancien clocher Sud décapité lors des guerres de religion au XVIe siècle.

L’évêque d’Angoulême de l’époque, Monseigneur Claude Dagens, exprime son souhait d’avoir un Trésor d’art liturgique plutôt qu’un musée, en demandant spécifiquement “de la lumière et de la couleur”. Ce vœu sera exaucé au-delà de toutes les attentes.

Les études financées par un mécène ont duré deux ans, au cours desquelles l’artiste, l’évêque et l’État ont échangé intensément. L’accord est trouvé sur l’esprit du Trésor : transmettre cette ferveur spirituelle et cette émotion populaire propres à la seconde moitié du XIXe siècle, période de renouveau spirituel. L’évêque de l’époque, Monseigneur Antoine-Charles Cousseau, avait demandé à Paul Abadie une refonte architecturale en restaurant la cathédrale, et la collection d’objets liturgiques exposée dans le Trésor remonte à cette époque prospère d’Angoulême grâce à l’essor du cognac, de l’industrie papetière et de la sidérurgie, où la bourgeoisie locale a financé de nombreux objets.

En novembre 2010, le projet est validé par le ministère de la Culture, puis définitivement accepté par la Commission Nationale des Monuments Historiques deux ans plus tard. Une procédure classique. La décision est prise de rouvrir la baie du transept sud, donnant sur une chapelle haute, murée depuis le XVIe siècle. Aujourd’hui, cette baie est ornée d’un vitrail signé Othoniel.

L’artiste a investi trois espaces au pied de l’ancien clocher. On y accède soit depuis l’extérieur de la cathédrale, soit depuis l’intérieur en traversant une vaste chapelle de jour récemment rénovée, ornée des portraits des évêques du diocèse d’Angoulême.

Le Trésor s’ouvre sur une salle de sculptures où trône une Vierge à l’enfant du XVIIe siècle, entourée d’une tenture sombre brodée à l’or.

C’est un avant-goût de l’esprit de Jean-Michel Othoniel, qui joue avec la matière cristalline, les lignes et les couleurs, dominées par le bleu marial dans les vitraux.

Cette première salle, appelée “Lapidaire”, n’est qu’un prélude. À l’étage, l’exubérance est à son comble. Une première salle relativement sobre, nommée “L’engagement”, rassemble des témoignages du courage ecclésiastique dans des périodes sombres, tels qu’un ciboire utilisé par un prêtre réfractaire lors de messes clandestines pendant la Révolution ou une valise-autel ayant appartenu à un curé prisonnier de guerre en Allemagne. Les pieds des vitrines sont également composés de montants en perles de verre noir.

La troisième et dernière salle du Trésor, surnommée “Le merveilleux”, constitue l’apothéose.

Les vitrines brillent de calices, de ciboires, d’ostensoirs et de reliquaires (qui restent accessibles à la dévotion). Jean-Michel Othoniel a réservé le centre de la salle à une statue de Vierge à l’enfant, tandis que des sculptures en plâtre représentant des saints (Jeanne d’Arc, Bernadette…) ornent les murs. Les murs sont recouverts d’un papier peint couleur or spécialement créé pour le Trésor, tout comme les carreaux du sol. Le motif commun, présent également dans les vitraux, est un nœud néo-roman dessiné par Paul Abadie pour les verrières de la nef de la cathédrale. Il rappelle un chapelet déposé sur une surface plane, formant des entrelacs aléatoires. Ce motif est une reprise des lignes de perles chères à l’artiste. Sous le vitrail principal, encadré par une résille d’aluminium qui ruisselle, se trouve un reliquaire d’or et de soie d’une infinie préciosité, créé par Jean-Michel Othoniel et contenant un fragment de fémur de saint Pierre Aumaitre, un jeune missionnaire charentais martyrisé en Corée en 1866 et canonisé en 1984.

Certains se demandent si l’artiste n’en a pas fait trop. Cependant, Jean-Michel Othoniel assume cette œuvre d’art totale créée spécifiquement pour cet endroit. Il affirme que le Trésor est fait pour les visiteurs, pour qu’ils ressentent une émotion particulière associant beauté, abondance, spectacle et spiritualité. L’artiste exprime également sa satisfaction d’avoir créé cette œuvre à Angoulême plutôt

Source Eglise Catholique

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