Répondant aux questions de nos confrères de Radio Classique, Gad Elmaleh a expliqué combien la lecture des Confessions de Saint Augustin, qu’il donnera le 26 décembre à la Sainte-Chapelle, représente pour lui un geste profondément intime. Il lira ainsi les textes du Docteur de l’Église dans un lieu qu’il affectionne, accompagné de musiciens classiques. L’humoriste a indiqué que ce projet, longtemps mûri, ne relève pas d’une simple curiosité artistique mais d’un lien personnel avec l’œuvre d’Augustin.L’artiste a précisé que ce Père de l’Église l’a toujours impressionné par sa capacité à sonder l’âme humaine. Il a lu les Confessions par fragments, comme on s’approche d’un texte trop vaste pour être embrassé d’un seul regard. À chaque lecture, a-t-il confié, il ressentait un vertige intérieur. C’est ce vertige qu’il souhaite partager avec le public.
Pour lui, Augustin touche parce qu’il ose dire « je », interpeller Dieu, exprimer ses contradictions. Une parole ancienne, mais qui semble encore aujourd’hui d’une jeunesse étonnante
Évoquant la modernité paradoxale de ces écrits du Ve siècle, l’humoriste a indiqué qu’ils résonnent particulièrement dans un monde saturé de sollicitations numériques. Il pense notamment aux adolescents, à ses propres enfants, souvent débordés par le tumulte intérieur et la pression des réseaux sociaux. Selon lui, l’évêque d’Hippone propose un retour indispensable à l’intériorité.
Interrogé sur la perception du religieux en France, Gad Elmaleh a observé que les différentes communautés se connaissent mal. Sur scène, il dit interroger régulièrement son public sur leurs identités religieuses, un geste simple qui étonne toujours. L’artiste a précisé que cela lui vient de son enfance au Maroc, où synagogues ouvertes, Coran et Torah côte à côte ou encore élèves musulmans étudiant l’hébreu n’avaient rien d’exceptionnel. Il a expliqué que ce modèle n’était pas idyllique mais réel, nourri de tensions parfois, mais aussi d’une connaissance mutuelle authentique.
Pour lui, la crispation française sur le religieux vient d’un manque de dialogue. Il faut être à l’écoute de ceux qui vivent pleinement leur foi, a-t-il insisté, car ils en ont le droit.
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L’entretien a pris un ton plus grave lorsqu’il a été question de l’antisémitisme. Gad Elmaleh s’est dit profondément préoccupé par sa banalisation récente. L’humoriste a dénoncé l’attitude de certains groupes politiques qui, selon lui, instrumentalisent la situation à des fins opportunistes, au détriment même des Palestiniens qu’ils prétendent défendre. Il a expliqué qu’on peut rire des antisémites, ou rire contre l’antisémitisme, mais jamais de l’antisémitisme lui-même.À propos de Donald Trump,Gad Elmaleh a reconnu ressentir une forme de fascination mêlée d’inquiétude. L’artiste a indiqué suivre chacune de ses interventions comme un « spectacle permanent », à la fois stimulant et potentiellement dangereux.
Enfin, lorsqu’on lui a rappelé que sa lecture de Saint Augustin se tiendrait un vendredi, soir de shabbat, il a souri et avoué qu’il ne l’avait même pas remarqué. Gad Elmaleh a confié que ce projet est sans doute le plus libre, le plus fou et le plus gratuit qu’il ait entrepris depuis longtemps. Il ignore où cette aventure le mènera, mais il sait déjà qu’il souhaite partager ce qu’il a lui-même découvert en lisant Saint Augustin : une parole qui traverse les siècles et continue de révéler l’âme humaine.Dans cette interview, l’humoriste apparaît à la fois sérieux, curieux, inquiet et ouvert. Une figure publique qui, loin de l’image attendue, assume sa quête intérieure et rappelle que parfois, les textes les plus anciens deviennent les plus nécessaires. Les Confessions de Saint Augustin, c’est vertigineux.


