C’est une offensive que les patriarches chrétiens dénoncent comme « juridiquement douteuse et moralement inacceptable ».Le 19 février dernier, les chefs des Églises locales de Jérusalem ont réagi avec fermeté face à la dernière tentative de la municipalité de Jérusalem d’imposer le paiement de la taxe municipale « Arnona » aux institutions ecclésiales. Dans une déclaration commune, ils ont qualifié cette mesure d’initiative « juridiquement douteuse et moralement inacceptable », appelant à une réaction politique immédiate.
Une attaque frontale contre le Patriarcat arménien
La municipalité a lancé une procédure de saisie contre le Patriarcat de l’Église apostolique arménienne, visant à s’emparer de ses biens pour cause de prétendus arriérés fiscaux. Cette communauté chrétienne, présente en Terre Sainte depuis des siècles, voit son patrimoine menacé, tout comme les Églises catholique et orthodoxe grecque, concernées par cette question. Le débat sur l’exonération des Églises de la taxe Arnona remonte à plusieurs décennies.
La démarche de la municipalité est jugée irrégulière : « Ce qui est particulièrement alarmant, c’est la tentative de la municipalité d’imposer une détermination de dette sans examen judiciaire, défiant le comité gouvernemental chargé de négocier de bonne foi », dénoncent les patriarches. Ils ajoutent que cette attaque « met en péril le Patriarcat orthodoxe arménien et crée un précédent dangereux pouvant menacer les institutions chrétiennes dans toute la Terre Sainte ».
Un traitement injuste et partial
Le Patriarcat arménien souligne que la municipalité exige le paiement de dettes supposées datant de 1994, en ignorant le délai de prescription. Plus choquant encore, certaines des propriétés concernées sont en réalité louées à la municipalité elle-même, qui accuse d’importants retards de paiement. Le Patriarcat dénonce un comportement inédit : « L’agent de recouvrement agit comme plaignant, juge et exécuteur, servant exclusivement les intérêts de la municipalité. »
George Akroush, directeur du bureau de développement du Patriarcat latin, a souligné le rôle vital des Églises dans le tissu social : « Les Églises gèrent des écoles, des centres pour personnes handicapées, des hôpitaux et des orphelinats. Si ces taxes sont imposées, plusieurs de ces services seront interrompus. Nous fonctionnons déjà en déficit et avons besoin d’un soutien international. Les plus pauvres en souffriront. »
La situation est déjà critique pour certaines institutions catholiques, comme l’a rappelé Sami el-Yousef : « Les comptes bancaires des écoles du Patriarcat à Haïfa ont été gelés. Nous avons réussi à négocier et à réduire le montant réclamé de deux millions à 500 000 shekels, mais l’avenir reste incertain. »
Lire aussi
Un appel à la mobilisation politique
Les patriarches ont appelé à l’intervention urgente du Premier ministre Benjamin Netanyahu et des ministres concernés pour suspendre les procédures de saisie et reprendre les négociations. Ils ont prévenu : « S’en prendre à une Église, c’est s’en prendre à toutes. Nous ne pouvons rester silencieux alors que les fondements de notre témoignage chrétien en Terre Sainte sont ébranlés. »
En Terre Sainte, les pierres parlent. Et aujourd’hui, elles crient contre l’injustice et l’oppression dont les Églises sont victimes. Cette attaque contre les chrétiens n’est pas seulement une question d’impôt, mais une menace contre la présence chrétienne elle-même, là où le Christ a foulé le sol. Le silence serait une faute grave. Les Églises de Jérusalem, fidèles au message du Christ, refusent de se taire face à l’injustice.
Sour AED