Lire dans Le Monde (17 août) que les prêtres africains détachés en France seraient parfois considérés comme des « élèves à qui il faut apprendre des choses » n’a rien de surprenant. Cette présentation correspond parfaitement à la grille idéologique du quotidien, toujours prompt à victimiser certains pour mieux culpabiliser l’Occident. Mais cette vision est à la fois réductrice et fausse.Car la vérité est plus simple : si les prêtres africains sont aujourd’hui en France, c’est parce que l’Europe, jadis, a porté jusqu’à eux la lumière de l’Évangile. Sans les missionnaires bretons, auvergnats, savoyards, sans les Pères blancs et tant d’autres, l’Afrique serait restée marquée par le vaudou et l’animisme. On peut bien tenter de brouiller cette réalité en assimilant les missionnaires aux « affreux colons « , mais cela ne tient pas. Les uns venaient pour conquérir, les autres pour sauver. Et il faut aussi rappeler, sans honte, que les missionnaires ont apporté avec eux bien plus que la foi : des écoles, des hôpitaux, un progrès humain et matériel considérable.
Quoi qu’en disent certains, la source de la conversion de l’Afrique au catholicisme est et demeure l’Europe. C’est l’Europe qui a planté la graine de la foi, et c’est cette foi qui, aujourd’hui, fait fleurir des vocations africaines en nombre suffisant pour venir irriguer les terres asséchées d’un Vieux Continent apostat.
« Si je suis là aujourd’hui, c’est parce que vous êtes venus me chercher. Vous m’avez fait chrétien, vous m’avez communiqué vos valeurs chrétiennes. »
cardinal Robert Sarah 26 juillet 2025
Le cardinal Robert Sarah l’a lui-même confessé avec gratitude : « Vous missionnaires bretons, vous êtes venus me chercher dans mon village ». Ces mots devraient clore tout débat : si l’Afrique est aujourd’hui un vivier de vocations, c’est parce que l’Europe a eu le courage et l’audace de l’évangéliser. La mission d’hier explique celle d’aujourd’hui.On comprend donc que certains prêtres africains, dans une boutade calculée, se plaisent à dire qu’ils « évangélisent à leur tour l’Europe ». Mais cette image ne doit pas être lue comme une revanche. Elle est l’illustration d’une continuité : l’Afrique donne en retour ce qu’elle a reçu. Et cela, il faut le regarder avec reconnaissance plutôt qu’avec suspicion.
Ce sentiment d’être traités parfois comme des « élèves » ,que Le Monde reprend complaisamment comme un témoignage à charge ,doit être replacé dans ce contexte. Si, en Europe, demeure une certaine condescendance envers les prêtres venus d’ailleurs, c’est précisément parce que l’histoire a laissé son empreinte. L’Afrique catholique est fille de l’Europe catholique. Elle ne peut renier cette filiation sans renier sa propre foi.Réduire la présence de ces prêtres à une simple question d’« adaptation culturelle », comme le fait Le Monde, c’est occulter l’essentiel. La mission ne consiste pas à s’ajuster aux codes sociaux, mais à annoncer le Christ. Et sur ce terrain, l’Afrique n’a pas de leçon à recevoir de l’Europe déchristianisée mais doit tenir compte d’une certaine chronologie de l’histoire chrétienne qui peut expliquer certains comportement dits » paternalistes ».. Aujourd’hui c’est à nous de recevoir, avec humilité, la ferveur et la fidélité de ces prêtres mais c’est à ces prêtres d’exprimer également une certaine reconnaissance.
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En 2018, le quotidien La Croix évoquait la question délicate des prêtres ivoiriens « errants » dans certains diocèses français. La Conférence épiscopale de Côte d’Ivoire s’était publiquement inquiétée de ces clercs envoyés en mission ou pour des études et qui, malgré le rappel de leur évêque, choisissaient de rester en Europe, profitant de meilleures conditions matérielles et d’un environnement plus » agréable ». ..Monseigneur Ignace Bessi Dogbo, président de l’épiscopat ivoirien, parlait alors d’un phénomène préoccupant, soulignant la perte que cela représentait pour les diocèses africains, parfois privés de prêtres pour célébrer la messe dominicale. À cet égard, il est ironique que Le Monde présente aujourd’hui ces prêtres comme des « élèves humiliés » : leur présence en Europe repose clairement sur l’élan missionnaire de l’Église d’Occident et sur la discipline ecclésiale qui les y envoie, dont ils souhaitent parfois se detacher.
Rappelons enfin que le poids de l’histoire reste incontournable : sans l’Europe, l’Afrique ne serait pas catholique. Et si l’Europe reçoit aujourd’hui l’aide de l’Afrique, c’est parce qu’elle a d’abord donné. Loin d’être un rapport de domination, c’est une réciprocité dans la mission. Reconnaissons-le sans complexe : l’Europe fut la mère dans la foi, et l’Afrique en est désormais l’enfant vigoureux qui vient soutenir une mère vieillissant