Réunis à Rome pour leur formation, près de deux cents nouveaux évêques venus des cinq continents ont reçu un double appel : celui du pape Léon XIV, qui leur a rappelé que l’évêque est avant tout serviteur de la foi du peuple, et celui du cardinal Christoph Schönborn, qui leur a transmis un témoignage fort en affirmant que « le pasteur appartient à son troupeau ». Deux voix différentes mais complémentaires, unies pour tracer les contours d’un ministère marqué par l’humilité, la proximité et la fidélité à l’Évangile.
Le 11 septembre, dans l’Aula du Synode, Léon XIV a ouvert son discours en soulignant que « le don de l’épiscopat n’est pas pour soi-même, mais pour servir la cause de l’Évangile ». Le souverain pontife a invité les nouveaux pasteurs à cultiver l’humilité, la pauvreté de cœur et la liberté intérieure, citant son prédécesseur François : « L’unique autorité que nous possédons est celle du service. » Le Saint-Père a aussi insisté sur la nécessité d’un style pastoral fait de proximité et de compassion. « Nos mains doivent caresser et consoler, nos paroles oindre le monde de l’Évangile et non de nous-mêmes », a-t-il affirmé. Face aux défis actuels – la crise de la foi, la guerre, la pauvreté, la recherche d’un monde plus fraternel – il a encouragé les évêques à faire preuve de créativité missionnaire.
Quelques jours plus tôt, le 8 septembre, le cardinal Schönborn s’était adressé aux participants depuis l’Université pontificale urbanienne. Son intervention a pris appui sur la figure du bienheureux Eduard Profittlich, jésuite allemand et archevêque de Tallin, mort en prison sous le régime soviétique après avoir choisi de rester auprès de son peuple. « Le pasteur appartient à son troupeau », rappelait-il, une conviction que le cardinal a présentée comme essentielle pour tout évêque. Le prélat autrichien a confié les difficultés personnelles vécues à son ordination, après 28 ans de vie dominicaine en communauté. Il a salué le choix de Léon XIV de ne pas vivre isolé au palais apostolique mais en fraternité, selon la tradition de son ordre augustinien. Plusieurs exemples de vie épiscopale partagée , à Lisbonne, au Nigeria –,lui ont permis d’illustrer la fécondité de la vie commune, signe de fraternité et de simplicité.
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Le cardinal a exhorté les nouveaux évêques à se montrer accessibles à leurs prêtres. « Les prêtres doivent sentir que leur évêque les estime et les aime », a-t-il insisté, suggérant des rencontres régulières pour favoriser la confiance. Il a également plaidé pour une attention personnelle portée aux séminaristes, rappelant ses initiatives de formation et de lecture commune avec eux.
Abordant le sujet sensible des abus commis par des clercs, Schönborn a mis en garde contre deux tentations opposées : l’abandon des prêtres fautifs sans accompagnement d’un côté, et le silence complice de l’autre. « La vérité et la miséricorde doivent aller ensemble », a-t-il affirmé, tout en rappelant que même le confrère tombé « reste un frère ».
Le cardinal a encouragé les évêques à dialoguer avec les responsables politiques catholiques, souvent minoritaires, et à rechercher des convergences avec d’autres forces sociales et religieuses sur des sujets fondamentaux comme la défense de la vie. Concernant la place des femmes, il a rappelé l’enseignement irrévocable de l’Église sur l’impossibilité de leur ordination, tout en insistant sur leur rôle indispensable dans les diocèses, les séminaires et les conseils pastoraux. Enfin, il a exhorté à rester proches des pauvres, dont la foi et le témoignage sont une source d’inspiration et de discernement.Les propos du pape et du cardinal convergent : l’évêque n’est pas un gestionnaire ni un chef politique, mais un frère et un guide, appelé à marcher avec son peuple, à écouter et à servir. Dans un monde traversé par des crises profondes, Léon XIV et Schönborn rappellent que seule une Église proche, fraternelle et enracinée dans la charité peut répondre aux attentes des hommes et des femmes d’aujourd’hui.