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L’histoire fascinante des Juifs convertis d’Alsace au XIXe Siècle

DR synagogue de Strasbourg
DR synagogue de Strasbourg
Pour certains, la conversion représente un retour au judaïsme originel, tandis que pour d'autres, c'est une forme de régénération personnelle.

Au cours du XIXe siècle, l’Alsace est le foyer de la plus grande population juive en France, avec Strasbourg abritant la deuxième plus grande communauté juive après Paris, totalisant plus de 1 500 individus. Dans ce contexte, des figures marquantes émergent, telles que Jacob Meyer, grand rabbin de la ville, et Auguste Ratisbonne, président de l’institution consistoriale locale. En 1820, une école primaire est établie, marquant un tournant dans l’histoire de la communauté.

Au printemps 1823, un événement discret mais significatif se produit lorsque Samson Libermann, secrétaire éminent du comité de l’école primaire israélite de Strasbourg, adresse une lettre confidentielle à l’évêque de Metz. Dans cette correspondance, il évoque la possibilité d’une conversion massive des Juifs, pointant vers une tendance émergente au sein de la classe éclairée de la communauté.

Les conversions commencent à se matérialiser, avec des personnalités notables telles que le banquier Louis d’Eichthal, le polytechnicien Mathis Mayer-Dalmbert, le docteur Samson Libermann lui-même et ses frères, ainsi que Théodore Ratisbonne. Ces conversions, bien que limitées en nombre, suscitent des remous, en particulier à Strasbourg, où la tradition et les préjugés locaux persistent.

À cette époque, la question de l’émancipation juive est déjà établie depuis un quart de siècle, et de nombreux Juifs ont réussi à s’intégrer dans la société. Cependant, une petite fraction de l’élite juive, pourtant instruite et prometteuse, choisit de renoncer au judaïsme, soulevant des questions sur les motivations derrière ces conversions.

Le débat autour de l’éducation des enfants juifs prend de l’ampleur, avec le soutien du grand rabbin Abraham de Cologna. Chaque consistoire est chargé de mettre en place une école primaire pour répondre à cette préoccupation, notamment à Paris où le projet prend forme en 1819. Cependant, les divergences idéologiques persistent, menant à des démissions au sein du conseil scolaire.

Les récits autobiographiques des convertis fournissent des éclaircissements sur leurs motivations, souvent liées à une quête intellectuelle et spirituelle, ainsi qu’à un attrait pour la religion dominante.

Pour certains, la conversion représente un retour au judaïsme originel, tandis que pour d’autres, c’est une forme de régénération personnelle.

Malgré les tensions et les débats au sein de la communauté, les convertis comme David Drach et les frères Ratisbonne demeurent engagés à communiquer avec leurs anciens coreligionnaires, cherchant à partager leur nouvelle foi tout en respectant leurs racines juives.

Ainsi, l’histoire des Juifs convertis d’Alsace au XIXe siècle témoigne d’une période de transition et de questionnements identitaires profonds, où des individus éclairés ont fait le choix audacieux de suivre un chemin différent celui du Christ , marquant ainsi un chapitre de l’histoire religieuse et culturelle de la région.

Source cairn

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