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«L’humiliation de Gaza est moralement inacceptable» : le cri du cardinal Pizzaballa pour la paix au Proche-Orient

Cardinal Pizzaballa - DR
Cardinal Pizzaballa - DR
De retour de Gaza, le patriarche latin de Jérusalem et son homologue orthodoxe Teophile III dénoncent la gravité de la situation humanitaire dans l’enclave palestinienne et appellent à un cessez-le-feu immédiat, sans condamner Israël, mais en critiquant fermement sa politique actuelle

«Quand on voit de ses propres yeux ce qui se passe dans la bande de Gaza, il est difficile de ne pas reconnaître que ce peuple vit une humiliation extrêmement difficile à supporter, moralement inacceptable et injustifiable.» Ces mots forts, le cardinal Pierbattista Pizzaballa, patriarche latin de Jérusalem, les a prononcés lors d’une conférence de presse tenue le 22 juillet 2025, en présence du patriarche orthodoxe Teophile III, au retour d’une visite dans l’enclave palestinienne.

Cette déclaration intervient quelques jours après une attaque israélienne contre la paroisse latine de Gaza, le 17 juillet, qui a causé la mort de trois personnes et fait une dizaine de blessés. Les deux patriarches ont lancé un appel commun à la communauté internationale, estimant que «le silence face à la souffrance est une trahison de la conscience».

Le cardinal Pizzaballa a souligné l’urgence humanitaire : «Les aides humanitaires ne sont pas simplement nécessaires, elles sont une question de vie ou de mort. Chaque heure sans nourriture, sans eau, sans médicaments, sans abri, est une condamnation.» D’après les services de santé gazaouis, vingt enfants seraient morts de faim rien que dans la journée du 22 juillet.Le patriarche orthodoxe Teophile III a témoigné : «À Gaza, nous avons rencontré un peuple écrasé par le poids de la guerre, mais qui portait en lui l’image de Dieu. Nous avons marché parmi les blessés, les souffrants, les déplacés, et les fidèles, dont la dignité reste intacte malgré l’agonie.»

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Tous deux ont dénoncé la logique de guerre, les représailles, les déplacements de population et la famine utilisée comme arme. «Il ne peut y avoir d’avenir basé sur la captivité, le déplacement des Palestiniens ou la vengeance. Il est temps de mettre fin à cette absurdité», a insisté le cardinal Pizzaballa, qui précise : «Nous ne sommes pas contre Israël ni contre le peuple juif, mais contre la politique actuelle à Gaza.»

Le président de l’Association médicale israélienne, Zion Hagay, a lui aussi demandé au COGAT (organisme de coordination des activités gouvernementales dans les territoires) d’autoriser l’entrée de matériel médical et d’aide de base à Gaza. Une situation dénoncée aussi par de nombreuses voix israéliennes, que le cardinal a saluées comme des signes de solidarité.La guerre a entraîné une destruction massive : les bombardements israéliens ont touché de nouvelles zones jusqu’ici relativement épargnées. Le ministère de la Santé de Gaza, sous autorité du Hamas, fait état de 134 morts en 24 heures. Les cimetières sont saturés, détruits ou inaccessibles à cause des ordres d’évacuation.«Trop de personnes ont été tuées injustement. L’équation selon laquelle chaque Palestinien serait un terroriste est inacceptable», a affirmé le patriarche latin. Dans un appel à l’espérance, les deux chefs religieux ont conclu : «Comme pasteurs de l’Église en Terre Sainte, nous renouvelons notre engagement pour une paix juste, pour une dignité inconditionnelle et pour un amour qui transcende toutes les frontières. Ne transformons pas la paix en slogan, pendant que la guerre reste le pain quotidien des pauvres.»

Dans un contexte où Israël et le Hamas discutent d’un éventuel cessez-le-feu et d’échanges d’otages, les Églises de Terre Sainte rappellent que sans justice, sans respect de la dignité humaine et sans vérité, il ne peut y avoir de paix véritable.

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