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Liban : Comment les chrétiens sont pris au piège entre le Hezbollah et Israël

Cèdre du Liban - DR
Cèdre du Liban - DR
La prolongation de la trêve entre Hezbollah et Israël n’apporte pas de solution durable à la crise au Liban. Les chrétiens, déjà fragilisés, subissent les conséquences dramatiques de ce conflit

La situation au Liban reste tragique et la réalité sur le terrain, telle que rapportée par le père Abdo Raad, prêtre melkite, est implacable : les destructions sont massives et les perspectives de paix restent incertaines. Mais au-delà des destructions physiques, il y a une lutte idéologique dans laquelle Hezbollah, par son radicalisme et ses actions violentes, joue un rôle central.

Le père Raad, récemment rentré du sud du Liban, dresse un tableau sombre de la situation dans les villages majoritairement chrétiens. Là où Hezbollah n’a pas de positions militaires, comme dans les villages de Rmeich et Marjayoun, les chrétiens ont échappé aux bombardements israéliens. Mais dans les villages « mixtes » où résident à la fois des chiites et des chrétiens, la violence a frappé sans discernement. Les églises et maisons chrétiennes ont été ciblées par les frappes israéliennes, souvent en raison de la présence de combattants de Hezbollah cachés dans les bâtiments. La stratégie de cette milice islamiste, qui utilise les civils comme boucliers humains, a non seulement conduit à la destruction des maisons des chrétiens mais aussi à une désolation morale et spirituelle.

Les paroles du père Raad sont claires : « Ce n’est pas un conflit entre chrétiens et musulmans, mais bien entre la vision politique et sociale du Liban portée par Hezbollah et celle des chrétiens ». Le Hezbollah, avec son idéologie extrémiste et sa violence systématique, refuse toute forme de coexistence pacifique, imposant son pouvoir militaire et politique sur les civils libanais, qu’ils soient musulmans ou chrétiens. Au contraire, Israël, bien que souvent critiqué pour ses politiques militaires, reste un rempart contre l’expansion de cette idéologie radicale, et offre, malgré ses actions, une certaine forme de stabilité face à une menace commune.

Les chrétiens du Liban, bien qu’isolés et souvent sous la menace, ont toujours entretenu un certain lien spirituel avec Israël. Non seulement Israël est la Terre Sainte, le berceau du christianisme, mais dans la Bible, le peuple juif est souvent décrit comme un modèle de résistance et de foi. Dans ce contexte, les chrétiens au Liban, tout en rejetant l’occupation et la guerre, reconnaissent indirectement l’importance de la préservation de la nation israélienne face aux menaces existentielles que représente des groupes comme le Hezbollah.

Israël, en dépit de ses méthodes militaires contestées, ne cherche pas à anéantir le Liban mais à défendre son territoire contre une milice violente. Dans le sud du Liban, les chrétiens vivent dans une tension constante, craignant les attaques et les incursions de Hezbollah.

Les chrétiens du Liban : Une minorité sacrifiée par l’incapacité de la communauté internationale

Alors que les chrétiens du Liban sont pris entre la violence d’Hezbollah et les incursions israéliennes, leur situation devient de plus en plus intenable. Dans des villages comme Yaroun, les églises ont été détruites et les maisons des chrétiens rasées. Les témoignages du père Raad révèlent la réalité cruelle : très peu de chrétiens sont retournés dans leurs maisons, et beaucoup vivent dans une angoisse permanente, n’ayant plus d’autre choix que de chercher refuge ailleurs. Ils sont confrontés non seulement à des bombardements, mais aussi à l’absence de soutien international suffisant pour restaurer leur sécurité et leur stabilité.

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Les chrétiens libanais, notamment dans le sud, se sentent abandonnés. Beaucoup d’entre eux se demandent si la communauté internationale va enfin intervenir pour stopper les violences de Hezbollah et soutenir le retour à une coexistence pacifique sous la protection de l’armée libanaise. Les divisions internes au sein du Liban, exacerbées par des milices comme Hezbollah, rendent difficile toute forme d’unité nationale. Les chrétiens, eux, aspirent à un système gouvernemental civil, loin des radicalismes religieux, et souhaitent que Hezbollah dépose ses armes au profit d’une solution pacifique.

L’élection de Joseph Aoun à la présidence de la République libanaise, après plus de deux ans de vide institutionnel, marque un tournant crucial pour le Liban. Conformément au système confessionnel du pays, réservé à un président chrétien maronite, Aoun a recueilli 99 voix lors du second tour, un résultat soutenu par de fortes pressions internationales, notamment de la France, des États-Unis et de l’Arabie saoudite, qui avaient averti de l’impact négatif d’une nouvelle impasse sur l’aide financière indispensable au Liban.

Son élection a été saluée par de nombreux Libanais, surtout dans les rues de Beyrouth, où des scènes de joie ont éclaté après plus de deux ans de paralysie politique. Cependant, Aoun hérite d’un pays en crise, profondément divisé sur le plan politique et économique. Malgré tout, son élection symbolise un espoir pour la stabilité du Liban, avec la promesse de rassembler les différentes factions politiques et religieuses.

Rappelons que face à la brutalité du conflit et à l’impasse politique, il est essentiel que la communauté internationale prenne des mesures concrètes pour soutenir les chrétiens du Liban. Les chrétiens du Liban, au cœur de ce tourbillon de violence, méritent une paix véritable, fondée sur la réconciliation et le respect de la dignité humaine, à l’abri des manipulations et des idéologies extrémistes imposées par Hezbollah. C’est dans ce cadre que l’appel à la paix doit être entendu et soutenu, en protégeant les droits et la liberté de toutes les communautés, chrétiennes comme musulmanes, dans un Liban qui aspire enfin à la liberté et à la justice.

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