Alors que l’Église de France s’apprête à annoncer la création d’un dispositif d’indemnisation pour les victimes majeures d’abus sexuels, Libération révèle que cette décision n’est pas aussi consensuelle qu’elle le paraît. Le quotidien se affirme avoir « pu consulter une note confidentielle » rédigée par Mgr Jean-Pierre Vuillemin, évêque du Mans et président du Conseil pour les questions canoniques et juridiques de la Conférence des évêques de France (CEF), qui exprime une nette réserve sur l’indemnisation automatique des victimes adultes. Cette indemnisation, selon la note, ne devrait être accordée qu’« à des situations exceptionnelles à caractériser ».
Cette information met en lumière des tensions croissantes au sein de l’épiscopat. Alors que certains évêques se montrent ouverts à des indemnisations larges, d’autres – à juste titre – interrogent la nature et la portée réelle de ces compensations financières.
Car une question fondamentale se pose : l’argent répare-t-il vraiment ce que le péché a détruit ?
Dans le diocèse de Créteil, Mgr Dominique Blanchet a vendu une partie du patrimoine diocésain pour financer les indemnisations. Un acte présenté comme un devoir moral. Mais peut-on vraiment croire que des murs vendus rachètent des âmes blessées ?
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L’argent peut contribuer à soulager une souffrance matérielle, mais il ne rend ni l’innocence ni la paix du cœur. Il ne guérit ni la mémoire ni la foi détruite. Pire encore : lorsqu’il devient l’alpha et l’oméga de la réparation, il risque de réduire une tragédie spirituelle à une simple opération comptable.Le pardon, la prière, la pénitence personnelle et communautaire : voilà les chemins surnaturels que l’Église ne doit jamais abandonner. Racheter une faute par un chèque, aussi généreux soit-il, ne relève t-il pas d’une logique séculière, non d’une logique de foi.
À Lourdes, en cette assemblée de printemps 2025, les évêques sont confrontés à une décision importante. Mais au lieu de se laisser entraîner dans des logiques juridiques et médiatiques dictées par la peur ou la culpabilité, ne devraient-ils pas retrouver le cœur de leur mission : restaurer les cœurs blessés par la foi, et rappeler que seul le Christ peut guérir les blessures les plus profondes ?
Voilà peut-être ce que l’Église a de plus précieux à offrir aux victimes.