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Marie co-Rédemptrice : un évêque néerlandais défie ouvertement le cardinal Fernández

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L’évêque juge incompréhensible que le cardinal veuille bannir un mot simplement parce qu’il pourrait être mal interprété

Le débat marial reprend feu : Monseigneur Rob Mutsaerts accuse le cardinal Víctor Manuel Fernández de semer la confusion et de vouloir effacer un titre que des saints, des papes et des générations de fidèles ont chéri.L’intervention est frontale. Dans un texte publié sur son blog, l’évêque néerlandais Rob Mutsaerts s’en prend vivement au récent document du cardinal Fernández consacré au titre marial de Co-Rédemptrice. À ses yeux, le préfet du Dicastère pour la doctrine de la foi fait fausse route en souhaitant écarter un terme qu’il juge source de confusion. L’évêque ne mâche pas ses mots : « Il n’existe aucune vérité qui ne puisse être mal comprise. »

Pour Monseigneur Mutsaerts, la confusion ne vient pas du terme mais de ceux qui le lisent mal. « Si [le cardinal] est concerné par le fait que des gens mettraient Marie sur le même niveau que le Christ, le problème vient de lui, pas de Marie. » L’évêque rappelle que la primauté du Christ ne souffre aucune rivalité : « Le rôle du Christ est si absolu qu’il est un non-sens d’imaginer qu’on puisse l’éclipser. Coopérer n’est pas rivaliser. »Il situe la question dans la logique même de l’économie du salut : Dieu a voulu s’appuyer sur des médiations humaines. « Le fait que Marie ait coopéré à notre rédemption n’est pas une invention humaine. Cela découle de la décision de Dieu d’agir à travers des instruments humains. » L’histoire du salut, dit-il, en est jalonnée.

S’appuyant sur la tradition spirituelle et magistérielle, l’évêque souligne que l’Église n’a jamais utilisé ce mot à la légère. « L’Église parle de Marie comme de la Co-Rédemptrice ,un terme ni rarissime ni accidentel dans la bouche des saints et des papes , pour signifier qu’elle a été impliquée dans l’œuvre du Christ d’une manière unique. » Il cite Benoît XV, qui affirmait que la souffrance de Marie au pied de la Croix fut « presque égale » à celle du Christ, un qualificatif qu’il répète avec insistance : « presque, je le répète, pas égale. » Dès lors, il juge incompréhensible que le cardinal veuille bannir un mot simplement parce qu’il pourrait être mal interprété. « On s’attendrait à ce qu’il commence par l’expliquer plutôt que de l’effacer. » Mgr Mutsaerts va plus loin : « Si quelqu’un trouve une carte trop complexe, apprenez-lui à la lire. Vous ne la déchirez pas pour proclamer que le monde est plat. »

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L’évêque rappelle aussi une précision trop souvent oubliée : co- vient du latin cum, qui signifie “avec” et non “égal à”. « Il n’y a jamais eu de réelle confusion sur ce point. C’est le Dicastère qui jette désormais le soupçon sur le terme lui-même. »Il pose alors une question tranchante : « Si Dieu n’a pas eu peur de donner à une jeune fille de Nazareth le titre de ‘Mère de Dieu’, pourquoi devrions-nous craindre de lui en donner d’autres, bien inférieurs ? »

Ce débat n’est pas nouveau. Depuis le Moyen Âge, des voix prestigieuses , Saint Bonaventure, Saint Bernard de Sienne , ont décrit la coopération de la Vierge au salut. Aux XIXᵉ et XXᵉ siècles, Léon XIII, Pie X et Benoît XV ont employé ou approuvé ce langage.Au Concile Vatican II, plusieurs évêques souhaitaient définir un cinquième dogme marial : Co-Rédemptrice, Médiatrice et Avocate. De nombreuses signatures avaient été réunies. Le Concile opta toutefois pour une voie plus prudente, intégrant la doctrine mariale dans Lumen Gentium et préférant un vocabulaire moins susceptible de brouiller la compréhension du rôle unique du Christ.Puis la prudence s’est poursuivie. Jean-Paul II a employé le terme à plusieurs reprises dans les années 1990, mais le cardinal Ratzinger avertit qu’il était « trop éloigné de l’Écriture » et potentiellement déroutant. Le pape François sera encore plus clair : « Le Christ est l’unique Rédempteur », rappelant que Marie a été donnée à l’Église « comme mère, non comme … co-rédemptrice ».

Les implications œcuméniques sont importantes. Beaucoup craignent qu’un nouveau dogme marial ne complique davantage le dialogue avec les Églises orthodoxes et les communautés protestantes.Dans ce contexte, la prise de parole de Monseigneur Mutsaerts agit comme un électrochoc. Elle révèle un malaise persistant entre, d’un côté, ceux qui souhaitent préserver et transmettre les formulations traditionnelles de la piété populaire et, de l’autre, ceux qui craignent les risques pastoraux d’un vocabulaire théologiquement dense.Au cœur du débat demeure une question simple mais fondamentale : comment honorer Marie sans obscurcir le rôle unique du Christ ? Pour l’évêque néerlandais, la réponse est claire : la fidélité à la tradition ne consiste pas à se taire. Elle consiste à enseigner , avec précision, patience et respect, ce que l’Église a toujours cru.

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