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Martinique : l’église du Gros-Morne, fermée depuis dix ans… pour combien de temps encore ?

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Depuis une décennie, les fidèles du Gros-Morne attendent la réouverture de leur église paroissiale. Entre promesses municipales et soutien discret de l’archevêque, l’incertitude demeure

Le Gros-Morne est une commune du centre de la Martinique, perchée sur les hauteurs verdoyantes entre Trinité et Saint-Joseph. Terre agricole et profondément marquée par la tradition catholique, elle compte plus de 10 000 habitants. Au cœur du bourg se dresse l’église Notre-Dame de la Visitation, fermée depuis bientôt dix ans en raison de son état de vétusté.Faute de travaux de rénovation, le bâtiment reste inutilisable, et les paroissiens sont contraints de se rassembler dans des structures provisoires. La lassitude gagne une population attachée à ce lieu de prière et d’identité collective.

À la fermeture de l’église, une tente provisoire avait été installée pour assurer la continuité de la vie paroissiale. Les fidèles l’avaient surnommée « la Tente de la Rencontre », en référence biblique au lieu où Moïse dialoguait avec Dieu. Mais cette structure, prévue pour quelques mois, a fini par durer des années, au prix de multiples réparations. Les intempéries et infiltrations d’eau ont souvent perturbé les célébrations.Depuis 2017, les annonces de rénovation se sont succédé. France Antilles précise que des financements avaient été évoqués, notamment par la Collectivité Territoriale de Martinique, mais le chantier n’a jamais débuté. À l’approche des élections municipales, de nouvelles promesses apparaissent, que d’aucuns qualifient de « poudre aux yeux ». Beaucoup redoutent que le dossier ne serve une fois encore de levier électoral, sans véritable concrétisation.

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Dans cette épreuve, les paroissiens soulignent le soutien de l’archevêque de la Martinique, Mgr David Macaire. Bien qu’il n’ait pas fait de déclaration spécifique sur le cas du Gros-Morne, son engagement en faveur de la sauvegarde des églises de l’île est reconnu. Présent lors de la restauration de la cathédrale de Saint-Pierre ou du lancement des travaux de Balata, il témoigne d’une volonté de préserver le patrimoine religieux tout en soutenant la mission pastorale.
« Nous sommes certains que l’évêque fait tout son possible pour nous accompagner », confient plusieurs responsables locaux, convaincus que l’Église ne ménage pas ses efforts pour relayer leur cause.

L’histoire religieuse de la Martinique est indissociable de son identité. L’évangélisation débute au XVIIe siècle avec l’arrivée des missionnaires dominicains et jésuites. L’Église catholique y a structuré la vie sociale et culturelle, marquant durablement les traditions populaires. Aujourd’hui encore, près des deux tiers des Martiniquais se réclament du catholicisme, et les églises du territoire restent des lieux de rassemblement essentiels, bien au-delà de leur seule dimension religieuse.Dans ce contexte, la fermeture prolongée de l’église du Gros-Morne illustre une fracture douloureuse : celle d’une communauté privée de son cœur battant. Dix ans de promesses n’ont toujours pas permis la réouverture. Pour les habitants, la question dépasse les enjeux politiques ou budgétaires : il s’agit de retrouver un sanctuaire qui incarne leur foi et leur mémoire collective.

L’attente est lourde, et la question reste entière : combien de temps encore les catholiques du Gros-Morne devront-ils prier sous des abris provisoires, privés de leur maison de Dieu au cœur de la commune ?

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