En Colombie, la barbarie a de nouveau frappé. Le 2 juillet 2025, les autorités ont confirmé la découverte d’une fosse commune contenant les corps de huit missionnaires chrétiens, dans une zone rurale du département du Guaviare, au sud du pays. La découverte a été réalisée par le Parquet général, avec l’appui de la 11e Brigade de déploiement rapide de l’Armée nationale, dans un terrain abandonné en zone rurale de Calamar.
Les victimes avaient disparu depuis avril dernier, après avoir été convoquées par une faction dissidente des FARC.Selon le site elpais.com/america-colombia, ces religieux et responsables communautaires appartenaient à une mission chrétienne venue d’Arauca pour mener des actions humanitaires dans une région ravagée par les conflits armés. Identifiés par leurs proches, les huit martyrs s’appelaient Jesús Valero, Carlos Valero, Marivel Silva, Isaid Gómez, Maryuri Hernández, Óscar Hernández, James Caicedo et Nixon Peñaloza Chacón.
L’enquête judiciaire désigne comme auteurs présumés les hommes du Front Armando Ríos, sous les ordres directs du chef guérillero Iván Mordisco. Ces assassinats auraient été commis par peur de la formation d’une cellule du groupe rival ELN. Aucune preuve, cependant, ne vient étayer un quelconque lien entre les victimes et ce mouvement.C’est un téléphone saisi sur un guérillero capturé en mai qui a permis de localiser la fosse. Les images retrouvées montrent les missionnaires encore vivants aux côtés de leurs ravisseurs, puis exécutés.
Face à cette horreur, la Conférence épiscopale colombienne et le diocèse de San José del Guaviare ont publié une déclaration commune dans laquelle ils condamnent avec force :
« Nous rejetons fermement l’assassinat odieux de huit leaders chrétiens. Nous exprimons aujourd’hui nos condoléances et notre soutien aux familles et aux communautés religieuses en deuil. Nous demandons à toutes nos communautés, ainsi qu’à la Colombie dans son ensemble, de soutenir ces familles dans la prière. Cet acte infâme représente une grave atteinte à la vie sociale et à la paix de la région. Nous appelons les groupes armés à choisir enfin des chemins de paix et à cesser de verser le sang innocent« , communiqué de la conférence des évêques colombiens (Cedecol)
Le président Gustavo Petro a exprimé son « plus profond rejet » de ce crime sur le réseau X, dénonçant une attaque contre « la vie, la liberté religieuse et le travail spirituel et communautaire que tant de personnes accomplissent dans les régions historiquement frappées par la violence ».
De son côté, le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme a rappelé que la stigmatisation des leaders religieux alimente le conflit et réduit au silence les voix qui défendent les droits fondamentaux. Le massacre survient dans un contexte de forte tension entre groupes armés dissidents, notamment entre les factions d’Iván Mordisco et de Calarcá. La Défenseuría del Pueblo a exhorté ces groupes à permettre l’accès à l’aide humanitaire dans la région, tandis que le maire de Calamar, municipalité où la fosse a été retrouvée, a lancé un appel désespéré : « Il est temps que l’État regarde vers le Guaviare. Nous ne pouvons plus continuer à vivre comme si rien ne se passait. Nous sommes seuls. »
Cette tuerie constitue la plus grande tuerie de religieux recensée en Colombie en 2025, dans un pays où plus d’une trentaine de massacres ont déjà fait plus de cent morts cette année. L’an dernier, l’Institut Indepaz en avait recensé soixante-seize.Dans cette atmosphère de mort et d’abandon, l’Église se tient debout, fidèle à sa mission, aux côtés des pauvres et des persécutés. Et tandis que certains tentent de faire taire l’Évangile à coups de fusils, d’autres continuent à donner leur vie pour le proclamer. Avec la mort de ces huit religieux, le sang des martyrs, aujourd’hui encore, irrigue la terre de Colombie.