Depuis 2000 ans

Mayotte dévastée : Comment l’Église s’engage pour les sinistrés

DR
DR
Mayotte est une terre où l’islam sunnite domine largement, représentant environ 95 % de la population. Toutefois, la communauté catholique, bien que minoritaire, maintient une présence discrète mais fidèle.

Le passage du cyclone Chido sur Mayotte a laissé un territoire dévasté, un bilan humain redouté de « plusieurs centaines » de morts, selon les autorités, et des conditions de vie désastreuses pour des milliers d’habitants. « La situation est un désastre », a déclaré Yves Michel Daunar à l’AFP, témoignant de scènes d’apocalypse.

Mayotte, département français d’outre-mer situé dans l’archipel des Comores, est une terre où l’islam sunnite domine largement, représentant environ 95 % de la population. Toutefois, la communauté catholique, bien que minoritaire, maintient une présence discrète mais fidèle.

La communauté catholique, composée d’environ 4 000 fidèles, rassemble des métropolitains, Malgaches et Africains. Elle dispose de deux lieux de culte : l’église Notre-Dame-de-Fatima à Mamoudzou, érigée en 1855, et l’église Saint-Michel à Dzaoudzi, datant de 1849. Ces deux églises forment l’unique paroisse de l’île, intégrée au vicariat apostolique de l’archipel des Comores.

Dans cette région où les traditions musulmanes et animistes sont profondément enracinées, les églises catholiques de Mayotte témoignent d’une présence spirituelle ancrée, discrète mais constante, au service des fidèles locaux et de passage.

Notre-Dame-de-Fatima à Mamoudzou – DR

L’Église au chevet des sinistrés

Dans ce contexte dramatique, le vicariat apostolique de l’archipel des Comores, dirigé par Mgr Charles Mahuza Yava, s.d.s., s’est rapidement mobilisé pour soutenir la population. « Il est de notre devoir, en tant que chrétiens, d’être présents aux côtés des plus démunis », a affirmé Monseigneur Yava du diocèse d’Archipel des Comores (Mayotte).

Le diocèse, épaulé par les quelques prêtres en activité sur le territoire, a lancé des appels à la solidarité pour fournir de l’eau potable, des vivres et des soins aux sinistrés. À Labattoir et Mamoudzou, des paroisses ont été transformées en lieux d’accueil temporaire. « Nous accueillons des familles qui ont tout perdu. Leur regard exprime une détresse que seules la prière et l’aide concrète pourront apaiser », témoigne le P. Vincent Ngoie Mitenga, vicaire général.

Les Caritas locales, en collaboration avec la Croix-Rouge française, participent activement à l’acheminement des vivres et matériels. Un pont aérien et maritime, mis en place depuis La Réunion, permet l’arrivée progressive des secours.

La chapelle St Michel (Dzaoudzi, Mayotte) – DR

Une urgence humanitaire

L’état des infrastructures complique toutefois les opérations. Les routes sont impraticables, l’hôpital principal est « très endommagé » et l’accès à l’eau potable devient critique. « Les gens vont chercher de l’eau à la rivière, on est revenus 40 ans en arrière », alerte le maire d’Ouangani, Youssouf Ambdi.

Dans les bidonvilles de Mamoudzou, la situation est jugée catastrophique. « Tous les bidonvilles sont couchés, ce qui laisse augurer un nombre considérable de victimes », a rapporté une source proche des autorités.

Un appel à la prière et à la solidarité

Alors que les autorités françaises intensifient leurs efforts, l’Église appelle à une solidarité nationale et internationale. Mgr Charles Mahuza Yava a adressé un message aux fidèles : « Prions ensemble pour les victimes et pour que la paix revienne dans les cœurs éprouvés. Mais prions aussi pour que la charité inspire des gestes concrets d’entraide ».

De nombreux chrétiens de l’église Saint-Michel à Mamoudzou se sont réunis dimanche pour une messe en mémoire des victimes. « La foi nous appelle à réconforter et à réparer, autant que possible », a souligné un bénévole.

Des défis de longue haleine

Au-delà de l’urgence, Mayotte devra faire face à des problèmes structurels aggravés : une pauvreté élevée, un habitat précaire et une gestion complexe de l’immigration illégale. « La solidarité ne s’arrête pas au passage du cyclone. Il faudra réfléchir ensemble à la reconstruction durable de Mayotte », conclut le vicaire général.

L’Église locale, bien qu’en effectif réduit, espère contribuer à une résilience morale et spirituelle des habitants. L’appel à la générosité continue, porté par les voix des paroisses et des chrétiens de l’océan Indien.

Contact du vicariat de l’archipel des Comores : BP 46, Moroni, Union des Comores
(00 269) 773 05 03

Recevez chaque jour notre newsletter !