Depuis plusieurs jours, une pétition publique interpelle directement Monseigneur François Touvet au sujet d’un projet de vente immobilière concernant la paroisse Saint-Vincent-de-Paul, dite Montéty.Particulièrement bien située à côté des écoles et d’autres commodités, ce bâtiment paroissial a de quoi attiser les appétits des promoteurs. Près de mille signatures ont déjà été recueillies. En cause, la cession annoncée d’une grande partie du site paroissial à un promoteur immobilier, incluant bâtiments et terrains utilisés quotidiennement par la communauté.
À l’origine de Montéty se trouve Monsieur de Montéty, laïc profondément marqué par l’esprit de saint Vincent de Paul, qui mit sa fortune au service des plus pauvres en finançant au XIXᵉ siècle une cité ouvrière et la chapelle destinée aux ouvriers de Toulon.
Pour de nombreux paroissiens, le choc est d’autant plus grand que Montéty sortait précisément d’une longue période de fragilité. Paroisse vieillissante, en perte de vitesse, elle a pourtant connu en quelques années une transformation profonde. L’arrivée de la pastorale des étudiants et jeunes professionnels EléVARé a attiré une nouvelle génération de fidèles, redonnant souffle et visibilité à l’église.
Les messes dominicales du dimanche soir sont désormais pleines, phénomène rare dans un quartier pourtant marqué par le vieillissement de la population. La qualité des liturgies, la chorale, les temps d’adoration et la vie fraternelle ont contribué à ce regain de foi et de pratique religieuse. Ce renouveau est largement attribué, par les fidèles, au soutien constant de Monseigneur Rey, ancien évêque du diocèse.
Beaucoup soulignent d’ailleurs que Montéty est précisément l’église où Monseigneur Rey est venu célébrer l’une de ses toutes dernières messes épiscopales, faisant ses adieux aux fidèles du diocèse. Pour nombre de paroissiens, ce choix n’était pas anodin et symbolisait l’importance qu’il accordait à cette communauté et à la dynamique pastorale qui s’y déployait.
Le père Pierre-Édouard Caussin, curé de la paroisse nous a contactés pour préciser :
« Que Monseigneur Touvet n’a pas acté la décision de la vente de la parcelle de la paroisse à un promoteur. La paroisse a construit un projet et le défend, et que, malgré les désaccords, qui font partie de la vie de l’Église, les discussions continuent afin de déterminer ce qui est le mieux pour la paroisse et le diocèse. Nous appelons tous les lecteurs de Tribune Chrétienne à prier pour ce dossier en particulier. »
Dans ce contexte, l’annonce imminente d’une vente est vécue par certains comme un véritable coup d’arrêt, voire comme un « cadeau de Noël » amer.
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Une paroisse ancienne, qui reprenait enfin vie grâce à l’engagement de jeunes adultes et jeunes professionnels, serait amputée de l’essentiel de ses espaces au moment même où elle en a le plus besoin. Sans accuser directement, plusieurs fidèles expriment le sentiment que ce regain de foi et de pratique religieuse dérange, ou qu’il ne s’inscrit plus dans les priorités du nouvel évêque. Ce ressenti nourrit une inquiétude plus large, celle d’un effacement progressif de l’œuvre pastorale conduite sous l’épiscopat de Monseigneur Rey. Certains parlent même d’un « sabordage » de ce qui avait été patiemment construit.
Face à la vente annoncée, les paroissiens rappellent pourtant qu’une alternative existe. Depuis plus de deux ans, le projet « Rebâti Montéty » est élaboré localement. Il prévoit une rénovation complète et progressive du site, articulée autour du développement pastoral, de la rénovation des logements et colocations engagées, et de l’ouverture d’espaces de vie au service du quartier. Des études techniques ont été réalisées et, selon leurs conclusions, l’église ne présente aucun danger structurel immédiat. Les travaux sont importants mais peuvent être échelonnés dans le temps, à condition de permettre une levée de fonds publique. C’est précisément ce que demandent les signataires : un véritable délai, l’autorisation explicite de l’évêché pour collecter des dons, et un soutien clair de Monseigneur François Touvet.
Pour de nombreux fidèles, notamment des Toulonnais de longue date, l’affaire Montéty dépasse largement un simple dossier immobilier. Elle touche à la mémoire récente du diocèse, à la place accordée aux paroisses missionnaires et à la continuité, ou non, de l’orientation pastorale héritée de l’épiscopat précédent. À ce stade, aucune prise de parole publique de l’évêché n’est venue répondre à cette mobilisation. Mais une chose est certaine : la période post Monseigneur Rey, loin d’être apaisée, continue de susciter interrogations et résistances au sein d’un diocèse profondément marqué par les changements en cours.


