Sous le régime autoritaire de Daniel Ortega et de son épouse Rosario Murillo, la persécution de l’Église catholique au Nicaragua atteint des sommets alarmants. Les prêtres sont soumis à une surveillance constante : leurs téléphones sont contrôlés, leurs déplacements limités, et ils doivent remettre des rapports hebdomadaires sur leurs activités.
Selon le journal local Mosaico CSI, « les homélies des prêtres restants au Nicaragua doivent être exclusivement théologiques, sans aborder la doctrine sociale de l’Église ni exprimer des critiques sociales ». Les forces de l’ordre nicaraguayennes procèdent à des vérifications régulières des téléphones des prêtres pour détecter toute communication jugée suspecte.
L’organisation Christian Solidarity Worldwide (CSW) a confirmé ces faits dans un rapport publié en mars. Le document recense 222 violations de la liberté religieuse en 2024, ainsi que 46 cas de détentions arbitraires, notamment celles de Carmen María Sáenz Martínez et Lesbia del Socorro Gutiérrez Poveda, dont les familles sont sans nouvelles.Parmi les cas marquants, celui du père Luis Eduardo Benavides illustre la brutalité du système. Interrogé et menacé d’emprisonnement en août 2024, il a dû fuir au Honduras pour échapper à l’oppression. Neuf autres prêtres ont également été soumis à des mesures similaires, contraints de choisir entre le silence, l’emprisonnement ou l’exil.
La persécution ne touche pas uniquement les catholiques. Le pasteur évangélique Efrén Antonio Vílchez López, arrêté en 2022, est détenu dans des conditions inhumaines, privé de Bible et de tout contact avec l’extérieur.
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Le contrôle s’étend même aux enfants. En janvier, « Angélica », 13 ans, a été interrogée par la police pour avoir fréquenté l’église. « La police continue de surveiller toutes les activités des églises, intimidant même les enfants », a confié « Rosa », une catéchiste.Face à cette situation dramatique, la CSW recommande la libération immédiate des détenus, la restitution de la citoyenneté aux personnes déchues, ainsi que la réhabilitation des institutions religieuses et civiles interdites.
L’histoire de l’Église catholique au Nicaragua est marquée par des décennies de résistance face à la persécution. Depuis le retour au pouvoir d’Ortega en 2007, le régime a progressivement multiplié les attaques contre l’Église, la voyant comme l’un des derniers bastions de liberté dans le pays. Expulsions de religieux, confiscation de biens, et campagnes de diffamation se sont succédé. Aujourd’hui, la persécution s’intensifie, frappant sans distinction prêtres, fidèles et même les plus jeunes.
L’Église nicaraguayenne, fidèle à sa mission, continue pourtant d’élever la voix pour défendre les droits fondamentaux et proclamer l’Évangile au prix de lourds sacrifices.