L’Église du Nigeria est à nouveau frappée par la violence. Le père Wilfred Ezemba, curé de la paroisse Saint-Paul d’Agaliga-Efabo dans l’État de Kogi, a été enlevé samedi 13 septembre par des hommes armés alors qu’il circulait sur la route Imane–Ogugu, dans la zone d’Olamaboro. L’enlèvement, confirmé par l’Agence Fides et The Guardian Nigeria, constitue le deuxième cas en moins d’une semaine dans la même zone.Selon les témoignages recueillis par The Guardian, le prêtre aurait été intercepté avec d’autres voyageurs. Depuis son enlèvement, aucune demande de rançon n’a été formulée, ce qui accroît l’inquiétude des fidèles. « Notre confusion est grande car, depuis son enlèvement, il n’y a pas eu de demande de rançon. Mais nous croyons fermement que le Seigneur le délivrera sain et sauf », a confié le père Michael, un confrère du diocèse.
Les forces de sécurité, appuyées par la police, des troupes et le Kogi East Neighborhood Watch, ont lancé des ratissages intensifs dans les forêts avoisinantes pour tenter de retrouver le prêtre et les autres personnes enlevées. Pour l’heure, aucune avancée n’a été annoncée.L’affaire survient dans un climat d’insécurité croissante.
Le 7 septembre, dans la même zone d’Olamaboro, l’avocat A.B. Shuaib avait été enlevé entre Etieke et Okugoh avant d’être relâché le 11 septembre après paiement d’une rançon. En août, une église et une mosquée avaient été attaquées à quelques jours d’intervalle dans l’État de Katsina, révélant la vulnérabilité persistante des lieux de culte.
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Ces enlèvements s’ajoutent à une série qui pèse lourdement sur l’Église au Nigeria. En 2022, l’attentat sanglant contre l’église d’Owo, dans l’État d’Ondo, avait fait des dizaines de victimes et le procès des accusés s’est ouvert en août dernier. Les prêtres catholiques, figures respectées et enracinées dans la société, apparaissent désormais comme des cibles privilégiées des groupes armés.Face à cette insécurité, la Conférence épiscopale nigériane a récemment dénoncé l’absence de réponses fortes des autorités et rappelé que « la paix sociale ne peut s’obtenir que par le respect des droits fondamentaux et la protection de la vie humaine ». De son côté, l’Association du barreau du Nigeria (NBA), section d’Idah, a exigé des mesures urgentes, estimant que « l’alarmante recrudescence des kidnappings dans l’Est du Kogi » menace la stabilité de la région.
Malgré la peur, les communautés catholiques du Nigeria manifestent une foi tenace. « Nous croyons dans l’efficacité de nos prières », assurent les fidèles d’Olamaboro. Le cardinal Fridolin Ambongo, président du Symposium des Conférences épiscopales d’Afrique et de Madagascar, a lui aussi rappelé que l’Église africaine « ne doit pas céder à la peur mais rester unie dans la prière et le témoignage de l’Évangile ».Dans l’attente de nouvelles sur le sort du père Wilfred Ezemba, la prière et la solidarité demeurent les armes principales d’une Église persécutée mais vivante.