Dans la ville mixte de Haïfa, où chrétiens, musulmans et juifs coexistent, les décorations de Noël illuminent encore le quartier chrétien de Wadi Nisnas. Après plus d’un an d’attaques de roquettes lancées par le Hezbollah, les résidents ont pu célébré Noël dans une atmosphère de répit, marquée par une trêve entamée fin novembre 2024.
Après 14 mois de tirs de roquettes incessants du Hezbollah, les décorations apportent un réconfort bienvenu aux habitants à l’approche de Noël. Ces attaques, commencées en octobre 2023, avaient empêché toute célébration l’année dernière. La trêve de 60 jours instaurée le 27 novembre 2024 a permis à la communauté chrétienne de reprendre espoir.
La ville de Haïfa, compte environ 290 000 habitants constitués de juifs, musulmans et chrétiens. Cette année, ses quelque 16 500 résidents chrétiens ont pu célébrer Noël dans une ambiance particulière.
Dans la paroisse Saint-Louis, un majestueux sapin de Noël trônait devant la crèche, entouré de paquets cadeaux. Pour le père Youssef Yacoub, curé maronite, ces décorations allaient bien au-delà de la simple tradition : « Ces symboles sont une déclaration de foi. Là où il y a des ténèbres, nous apportons la lumière », avait-il déclaré, alors que la région était toujours marquée par des tensions persistantes.
Cependant, cette harmonie apparente n’occulte pas des réalités complexes. Le quartier chrétien de Haïfa, autrefois prospère, avait été en grande partie détruit après la création de l’État d’Israël en 1948, poussant de nombreuses familles à fuir. Aujourd’hui, les chrétiens ne représentent plus que 2 % de la population israélienne, et cette proportion continue de diminuer. Noël, pour beaucoup, avait ainsi pris une dimension particulière cette année : un moment de réaffirmation de leur présence face aux pressions économiques, sociales et politiques qui les poussent parfois à envisager l’exil.
Lire aussi
L’histoire des chrétiens de Haïfa s’inscrit dans un cadre plus vaste, marqué par des défis constants depuis des siècles. Les premières communautés chrétiennes y remontent aux apôtres, et la ville, située près du Mont Carmel, fut un carrefour de cultures et de religions. Au Moyen Âge, les Croisés y avaient laissé leur empreinte à travers des édifices religieux.
Cette année, alors que la fête était marquée par des décorations et des prières, l’incertitude planait sur l’avenir. Les affrontements à Gaza, ont exacerbé les inquiétudes des familles chrétiennes et dans son message de Noël, le pape François avait rappelé l’importance de protéger les chrétiens d’Orient et de préserver leur héritage spirituel.
Pourtant, malgré les difficultés, certains ont voulu rester optimistes. « Noël nous donne la force de tenir, de rester ici malgré tout », confiait un paroissien melkite avant la messe de la Nativité. Mais pour d’autres, l’idée de l’exil reste une tentation forte. Les jeunes générations, en particulier, aspirent à un avenir plus stable, loin des incertitudes du Proche-Orient.
À Jérusalem, en revanche, les rues du quartier chrétien de la Vieille Ville sont restées dans l’ombre. Pour la deuxième année consécutive, elles n’ont pas été illuminées pour Noël, malgré l’approbation du Patriarcat latin. La peur de heurter les sensibilités dans un contexte de guerre a motivé cette décision. Haïfa, dans ce contraste, a offert un havre de lumière et de paix, où la coexistence interreligieuse a permis à ces traditions de s’épanouir.
En célébrant Noël dans leurs églises décorées, les chrétiens de Haïfa ont envoyé un message d’espoir et de résistance. Mais la question demeure : combien pourront continuer à illuminer ces lieux de leur foi dans les années à venir ?