Depuis 2000 ans

Ô moi misérable, comment mon cœur est-il si endurci

Saint Augustin (354-430)

« Pardon, mon Dieu, pardon, mon Sauveur : Pardon et Miséricorde. Pardonnez à mes ignorances et à toutes mes imperfections. Ne me rejetez pas comme un téméraire, de ce que j’ose m’adresser à Vous, moi qui ne suis que Votre chétive créature, et inutile, et méchante : et encore plus méchante, de ce que j’ose louer, bénir et adorer mon Dieu Tout-Puissant, Terrible, et Très-Redoutable, sans une contrition de cœur, sans une source de larmes, et sans la révérence et le tremblement qui devraient m’accompagner.

Car si les Anges en Vous adorant et en Vous louant tremblent, même parmi leurs admirables joies, moi pécheur, lorsque je me présente à Vous, et que je Vous loue, comment se peut-il faire que mon cœur ne soit point palpitant, que mon visage ne soit point pâle, que tout mon corps ne frémisse et que je ne verse devant Vous un torrent de pleurs ? Ô moi misérable, comment mon âme est-elle devenue si insensible, qu’elle ne soit point horriblement épouvantée, lors qu’elle se présente à son Dieu, et qu’elle ose chanter Ses louanges ? Ô moi misérable, comment mon cœur est-il si endurci, qu’il n’envoie à mes yeux deux fleuves de larmes, cependant que le serviteur parle à son Maistre, l’homme à son Dieu, la créature à son Créateur, et celui qui est fait de boue, à Celui qui de rien a fait toutes choses ? Percez ma chair des traits de Votre crainte, ô mon Seigneur, et que mon cœur n’ait autre joie qu’en la crainte de votre Nom.

Que mon âme pècheresse ne Vous craint-elle, comme celle de ce saint Roy qui disait : J’ai toujours redouté mon Dieu, comme je redouterais des flots élevez sur ma tête, et prêts à m’abîmer ? Malheur à moi misérable, quand viendra le jour du Jugement, et que les livres des consciences seront ouverts, et qu’on dira de moi : voilà l’homme et ses œuvres. Que ferai-je alors, mon Seigneur mon Dieu, quand les Cieux révèleront mon iniquité, et que la terre se soulèvera contre moi ? Je ne pourrai rien répondre ; mais en baissant la tête, je demeurerai devant Vous tremblant et confus.

Ne Vous souvenez-pas alors de Votre justice et de Votre colère, Vous qui rendez à chacun selon ses œuvres ; mais souvenez-Vous de votre Miséricorde, Vous, mon Dieu, qui ne voulez point la mort du pécheur ; mais qu’il se convertisse, et qu’il vive. Seigneur Jésus qui avez voulu être crucifié, et mourir pour les pécheurs, soyez Vous-même mon Aide contre votre Justice même, et dites à mon âme, « Je suis ton salut ». Vous mon Seigneur, qui voulez que l’on Vous demande Grâce, faites que je La reçoive. Vous qui donnez conseil de La chercher, faites que je La trouve. Vous qui enseignez que l’on frappe à Votre porte, ouvrez à celui qui y frappe : guérissez un malade, rappelez une de Vos brebis égarée, et ressuscitez une de Vos créatures qui est morte. »

Ainsi soit-il.

Saint Augustin (354-430)

Recevez chaque jour notre newsletter !