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Obsèques du pape François : un événement historique, diplomatique et populaire

Le  cardinal Giovanni Battista Re, l'échange Trump / Zelensky à Sainte Pierre de Rome, la foule suivant le cortège  du Pape - DR
Le cardinal Giovanni Battista Re, l'échange Trump / Zelensky à Sainte Pierre de Rome, la foule suivant le cortège du Pape - DR
La foule a rendu un dernier hommage au pape François sous le signe d'une émotion partagée

En ce 26 avril 2025, la place Saint-Pierre et toute la ville de Rome ont été le théâtre d’un adieu solennel au pape François. Trois dimensions fortes émergent de cette journée historique : la solennité religieuse, l’intensité diplomatique et la ferveur populaire.

Dès 10h00, la messe d’obsèques a commencé sur le parvis de la basilique Saint-Pierre, présidée par le cardinal Giovanni Battista Re. La cérémonie s’est ouverte par l’antienne « Seigneur, donne-lui le repos éternel, et que brille à ses yeux la lumière sans déclin », suivie de l’acte pénitentiel et de la prière d’ouverture. La liturgie de la Parole a ensuite été proclamée avec une première lecture tirée des Actes des Apôtres : « Il est le juge des vivants et des morts », suivie du psaume « Le Seigneur est mon berger : je ne manque de rien », d’une seconde lecture extraite de la lettre aux Philippiens : « Il transfigurera notre corps misérable », et enfin du passage de l’Évangile selon saint Jean : « Toi, suis-moi. »

Dans son homélie, le cardinal Re a évoqué François :
« Dans cette majestueuse place Saint-Pierre, où le pape François a tant de fois célébré l’Eucharistie et présidé de grands rassemblements au cours de ces 12 années, nous sommes rassemblés en prière autour de ses dépouilles mortelles, le cœur triste mais soutenu par les certitudes de la foi, qui nous assure que l’existence humaine ne s’arrête pas au tombeau, mais s’accomplit dans la maison du Père dans une vie de bonheur qui ne connaîtra pas de crépuscule. »Il a aussi rappelé que « face aux guerres, François a incessamment imploré la paix ».

Un moment particulièrement marquant de la cérémonie a ému les fidèles : un léger vent a feuilleté les pages du livre des Évangiles posé sur la bière du pape François. Cette scène a ravivé la mémoire collective : elle s’était déjà produite lors des funérailles de saint Jean-Paul II en avril 2005. Beaucoup y ont vu un signe de continuité spirituelle entre les deux pontificats et une manifestation de la présence de l’Esprit Saint…

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Le cercueil, en bois clair, fidèle au style simple de François, a quitté le parvis sous les applaudissements nourris et un jet de pétales de roses blanches, jaunes et roses. La foule, émue, brandissait des pancartes où l’on pouvait lire : « Merci François ».

Selon Matteo Piantedosi, ministre italien de l’Intérieur, « entre les personnes présentes sur la place Saint-Pierre et celles le long du parcours jusqu’à la basilique Sainte-Marie-Majeure, il y avait pas moins de 400 000 personnes ». La Salle de presse du Vatican a confirmé la présence d’au moins 250 000 fidèles rassemblés à proximité de la basilique et de 150 000 autres sur le trajet du cortège.Le cortège funèbre, lentement conduit sur six kilomètres, a traversé les lieux emblématiques de Rome, comme le Colisée et les Forums impériaux, dans une papamobile blanche spécialement adaptée en corbillard.

Parallèlement, le terrain diplomatique s’est intensément animé. Donald Trump et Volodymyr Zelensky se sont rencontrés en privé dans la basilique Saint-Pierre. À l’issue de cet échange, Zelensky a publié un message sur X : « Excellent échange. Nous avons discuté en profondeur. Protéger la vie de nos peuples, obtenir un cessez-le-feu total et inconditionnel, construire une paix durable. Une rencontre très symbolique, avec le potentiel de devenir historique. »La Maison Blanche a confirmé le caractère « productif » de cet échange. De nombreux autres contacts ont eu lieu en marge de la cérémonie, notamment entre Donald Trump et Ursula von der Leyen, ainsi qu’avec Emmanuel Macron et le prince William. Une brève poignée de main entre Donald Trump et Emmanuel Macron a aussi été immortalisée sous les colonnades de Saint-Pierre.

La présidente Ursula von der Leyen a rappelé l’esprit du pontificat en écrivant sur X : « Le pape François a construit des ponts : parcourons-les. »

Conformément à ses dernières volontés, le pape François repose désormais dans une tombe simple en marbre blanc, entre la chapelle Paolina et la chapelle Sforza de la basilique Sainte-Marie-Majeure. Il est vêtu d’une chasuble rouge, coiffé d’une mitre blanche, tenant un chapelet aux grains noirs et portant un anneau d’argent.Au terme de cette journée exceptionnelle, les fidèles et le monde ont salué un pasteur qui, par sa simplicité et son souci des pauvres, aura incontestablement l’histoire contemporaine de l’Église. Mais déjà, dans la discrétion des palais apostoliques, les tractations et manœuvres commencent pour élire le futur successeur de Pierre, à la tête d’une Église universelle plus que jamais en quête de solidité doctrinale face aux défis spirituels, sociaux et géopolitiques de notre temps.

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