Ah, la voilà enfin, cette tribune ( parue dans La Croix) qu’on devinait déjà écrite avant même la sortie du film. Signée par le collectif P.A.I.X., elle dénonce le documentaire Sacré-Cœur comme un symbole de la « banalisation des idées d’extrême droite » dans le catholicisme. On croit rêver.Selon les signataires, le simple fait que le film soit soutenu par Vincent Bolloré via Canal + suffirait à le classer à l’extrême droite. Quelle logique ? Depuis quand la foi se juge-t-elle à la comptabilité des producteurs ?
Faut-il désormais que les films chrétiens soient financés par des banques “neutres” ou des plateformes qui promeuvent l’idéologie du genre pour être jugés acceptables ?
Oui, Bolloré et d’autres ont des convictions politiques fortes. Oui, ils ont leurs idées, parfois tranchées. Mais le film qu’ils soutiennent n’est pas un programme électoral : c’est une œuvre spirituelle, centrée sur le message du Christ et l’appel à la conversion: c’est un message d’amour.
Ces hommes ont choisi de mettre leur fortune au service de la foi catholique , pendant que tant d’autres catholiques fortunés préfèrent l’indifférence prudente ou le mécénat mondain. Cela ne fait pas de nous des adeptes de toutes leurs opinions, mais reconnaissons qu’ils osent encore témoigner.
Les auteurs de la tribune affirment que Sacré-Cœur participerait à « une politique des racines » et qu’il s’inscrirait dans un « national-catholicisme ». C’est oublier que l’identité chrétienne ne se réduit pas à une idéologie : elle est une incarnation. Le Christ ne s’est pas fait idée, il s’est fait chair. Le christianisme s’est toujours enraciné dans des peuples, des langues, des cultures. Défendre les racines chrétiennes de la France, ce n’est pas exclure, c’est rappeler que l’Évangile a façonné notre civilisation, nos lois, nos fêtes, notre art, notre humanité même.
Parler de racines, c’est parler de mémoire, pas de rejet. Ceux qui refusent cette évidence confondent universalité et déracinement.
Le collectif prétend défendre un « amour inconditionnel » du Christ. Fort bien. Mais cet amour devient suspect dès qu’il s’exprime avec vigueur, dès qu’il attire, dès qu’il touche le peuple. Ce qu’ils reprochent à Sacré-Cœur, au fond, ce n’est pas une orientation politique : c’est d’avoir du succès. D’avoir trouvé un public. D’avoir réveillé quelque chose de profondément chrétien dans le cœur de la France.Qu’un prêtre comme l’abbé Matthieu Raffray apparaisse dans le film devient, pour eux, une faute idéologique. Parce qu’il est suivi, parce qu’il parle vrai, parce qu’il attire les jeunes. Son influence dérange, alors on le caricature en agitateur d’extrême droite. Comme si tout prêtre qui refuse la fadeur progressiste devait être mis au ban du catholicisme.
Ce que révèle surtout cette tribune, c’est une fracture au sein du catholicisme français. D’un côté, une Église du compromis, soucieuse de plaire, qui préfère la conciliation soumise et l’art de suivre l’air du temps à la fidélité à l’Évangile. De l’autre, des chrétiens imparfaits, parfois maladroits, mais qui ont choisi de parler haut et fort, de rappeler que la foi engage tout : la vie, la culture, la nation.
Le cardinal Sarah l’a parfaitement résumé ( interview Tribune Chrétienne du 13 octobre 2025 ) : « Nous nous suicidons en nous coupant de nos origines, nous sommes faits à l’image de Dieu. » Et c’est bien ce suicide spirituel que ces catholiques hors-sol semblent cautionner au nom d’un “amour” devenu simple tolérance sans vérité.
Sacré-Cœur ne prêche pas un parti, il prêche le retour à la source, à ce Cœur brûlant qui a fait de la France la “fille aînée de l’Église”. Qu’il plaise à des conservateurs n’est pas une faute : c’est peut-être le signe qu’il touche encore ceux qui n’ont pas renoncé à croire que la foi peut transformer le monde.En vérité, ce n’est pas le film qu’ils rejettent, c’est le rappel de leur propre tiédeur.Car le Sacré-Cœur, lui, ne connaît ni droite ni gauche. Il appelle, il brûle, il convertit. Et cela, les catholiques hors-sol ne le supportent plus.


