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Pakistan : Victoire d’une jeune chrétienne en lutte contre le mariage forcé et la conversion

Shahida Bibi , jeune chrétienne pakistanaise - DR
Shahida Bibi , jeune chrétienne pakistanaise - DR
" Personne ne devrait souffrir des horreurs du rapt et du mariage forcé, encore moins être forcé d'abandonner sa foi"

Le tribunal de Bahawalpur, au Pakistan, a récemment annulé le mariage forcé de Shahida Bibi, une chrétienne de 18 ans, qui a été contrainte à l’âge de 11 ans d’épouser un homme musulman dans le cadre d’un mariage forcé et d’une conversion à l’islam. Cette décision marque une étape importante dans la lutte pour les droits humains et la liberté religieuse, notamment pour les jeunes filles issues de minorités religieuses.

L’histoire de Shahida Bibi est tragique. Sa mère s’était enfuie avec un homme musulman, qui, après l’avoir kidnappée, l’a donnée à son frère. Dès son plus jeune âge, Shahida a été contrainte d’accepter un mariage et de se convertir à l’islam, avant de donner naissance à deux enfants. Après des années d’oppression, elle a enfin pu contester cette situation devant un tribunal civil, qui a statué en sa faveur, ordonnant l’annulation de son mariage et la révision de ses documents d’identité pour refléter sa foi chrétienne plutôt que musulmane.

L’ONG ADF International, qui a soutenu Shahida Bibi dans sa démarche, a salué cette décision. Tehmina Arora, directrice de la défense des droits en Asie pour ADF International, a souligné que « personne ne devrait souffrir des horreurs du rapt et du mariage forcé, encore moins être forcé d’abandonner sa foi ». Elle a exprimé sa gratitude pour la victoire de Shahida et a ajouté : « Ces abus de conversions forcées et de mariages sont des violations flagrantes des droits humains fondamentaux, y compris de la liberté religieuse. »

Malheureusement, bien que la justice ait triomphé dans ce cas, la réalité reste sombre pour de nombreuses autres jeunes filles au Pakistan. Selon ADF International, plus de 1 000 jeunes filles issues de minorités religieuses, principalement chrétiennes, sont forcées chaque année à se convertir à l’islam et à se marier. Les mariages forcés sont fréquemment validés par des tribunaux islamiques, qui exigent la conversion pour que le mariage soit reconnu par la loi musulmane.

Ces pratiques trouvent une légitimité dans la loi islamique, qui autorise les relations sexuelles à partir de la puberté, rendant l’âge du mariage plus bas que l’âge officiel de mariage, qui varie de 16 à 18 ans selon les provinces pakistanaises. Dans de nombreux cas, les parents des victimes, impuissants, se retrouvent incapables d’empêcher ces violations. En outre, ces jeunes femmes, souvent terrorisées par des menaces de violences et la mise en danger de leurs familles, hésitent à dénoncer leurs agresseurs.

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Dans ce contexte alarmant, ADF International et ses avocats partenaires au Pakistan se battent pour protéger les filles et les femmes confrontées à ces pratiques abominables. Le cas de Shahida Bibi représente une lueur d’espoir, mais les défis demeurent immenses.

Sur la scène internationale, les violations des droits humains au Pakistan attirent de plus en plus l’attention. En janvier 2025, des responsables de l’Union européenne ont mis en garde le gouvernement pakistanais contre ses violations des droits de l’homme, y compris les lois sur le blasphème et les conversions forcées. Si ces problèmes persistent, les relations commerciales entre le Pakistan et l’Union européenne pourraient être sérieusement affectées.

Aux États-Unis, les sénateurs Chris Coons, James Lankford, Tim Kaine et Thom Tillis ont introduit une résolution bipartisane appelant à l’utilisation de toutes les mesures diplomatiques et sanctions disponibles pour tenir les responsables des violations de la liberté religieuse responsables de leurs actes, avec un accent particulier sur les mariages forcés et les conversions au Pakistan.

L’histoire de Shahida Bibi met en lumière l’urgence d’agir face à ces injustices. Dans un monde où la liberté religieuse est un droit fondamental, il est impératif que les gouvernements, tant nationaux qu’internationaux, prennent des mesures pour garantir la sécurité et la liberté de croyance des filles et des femmes, en particulier dans des pays comme le Pakistan, où les minorités chrétiennes sont systématiquement persécutées.

Shahida Bibi est désormais libre, mais elle représente seulement l’un des nombreux cas tragiques de violations des droits des minorités religieuses. Espérons que son cas inspire d’autres à lutter pour la justice et la liberté.

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